Sauvons Calais, collectif né du rejet des migrants : qui sont-ils ? Que veulent-ils ?

"Il faut tous les expulser", assène calmement Kevin Reche, 20 ans. Le collectif d'extrême droite Sauvons Calais qu'il a créé il y a tout juste un an prospère via les réseaux sociaux en accusant les migrants de Calais de tous les maux, et inquiète ceux qui leur viennent en aide.

"Avant les Calaisiens se plaignaient chacun de leur côté, j'ai fait le collectif pour qu'ils se plaignent tous au même endroit, et ça a marché", explique à l'AFP le jeune homme, en petit blouson bleu marine, assis devant un soda dans un bar billard de Calais. Plus de 8.000 personnes suivent désormais sur Facebook ce "collectif contre l'immigration et les associations pro-migrants" qui fait l'objet d'une enquête pour incitation à la haine raciale. Mille cinq cents migrants, contre 400 il y a quelques mois,venus surtout d'Afrique de l'est, errent à Calais avec l'espoir de gagner la Grande-Bretagne, considérée comme un Eldorado.

"Le plus gros problème, c'est les tentatives de viols, surtout dans les parcs, il y a aussi des agressions avec des couteaux", affirme Kevin Reche. Il a quitté le Front national en 2013. "On me reprochait mes cheveux trop courts", explique-t-il. Et va adhérer "très bientôt" au Parti de la France, qui se revendique de "la droite nationale, sociale et identitaire".

"C'est facile de stigmatiser, de dire que c'est les migrants"

"Ils ont balancé plusieurs fois sur Facebook qu'il y avait des agressions commises par des migrants, on a vérifié : c'était faux", dénonce Séverine Mayer, la présidente de Calais Ouverture Humanité, un collectif créé en réaction à Sauvons Calais. "C'est facile de stigmatiser, de dire que c'est les migrants", s'élève-t-elle. "Il n'y a pas d'augmentation importante de la délinquance à Calais liée aux migrants", assure le directeur départemental de la sécurité publique du Pas-de-Calais, Thierry Alonso. "On constate certains faits de vols, de téléphones portables et de vélos commis par des migrants, mais cela
reste marginal
".

Le 28 juillet, en quittant un squat de migrants, Séverine Mayer avait été agressée par un inconnu descendu de voiture. "Il me tenait par le bras, essayait de me pousser dans la voiture, en me traitant de +pute à migrants+", raconte-t-elle. Son agresseur n'a pas été identifié.

Enquête préliminaire

Le 5 septembre, une lycéenne de 15 ans, qui donne un coup de main à des bénévoles membres d'associations d'aide aux migrants, avait été menacée et frappée à la sortie des cours, selon une source policière et des associations. Le collectif Sauvons Calais, qui a désormais son propre service d'ordre destiné à "encadrer les manifs", le SSE, pour Service, Sécurité, Encadrement, compte "quinze membres actifs" et une cinquantaine de "sympathisants", selon son fondateur. "Ceux qui se réunissent sous la bannière de Sauvons Calais ne sont peut-être pas proches de Kevin Reche mais adhèrent à ses idées et sont encouragés par ce mouvement", souligne Séverine Mayer. "Des bénévoles sont insultés dans la rue par des gens se revendiquant de Kevin Reche".
(Une publication sur Facebook du collectif Sauvons Calais)

Lundi, quatre jeunes gens âgés de 18 à 20 ans seront jugés à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) pour avoir lancé un cocktail Molotov sur une petite maison squattée par plusieurs dizaines de migrants à Calais, dans la nuit du 19 au 20 septembre, sans faire de blessés. "Foutons-les dehors", proclamait la banderole déployée devant la mairie de la ville portuaire, lors d'une manifestation organisée par Sauvons Calais le 7 septembre, à laquelle avaient participé 150 personnes selon la police, 300 selon les organisateurs. Une enquête préliminaire pour incitation à la haine raciale a été ouverte depuis.

"Ce n'était pas haineux, peut-être un peu agressif", sourit Kevin Reche. Ce jour-là, il avait posé les deux bras levés, entouré d'Yvan Benedetti, exclu du FN, qui avait pris la tête de l'Oeuvre française, groupuscule pétainiste, dissout en 2013, et de Thomas Joly, secrétaire général du Parti de la France.
Deux des quatre jeunes qui seront jugés lundi ont déclaré avoir assisté à cette manifestation, selon une source proche du dossier. Kevin Reche assure ne pas les connaître : "s'ils ont agi ainsi, c'est tout simplement qu'ils en ont ras-le-bol".
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