Le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), Jean-Pierre Valensi, va ouvrir une enquête sur le collectif anti-migrants "Sauvons
Calais" pour propos racistes et incitation à la haine raciale, après avoir reçu plusieurs plaintes, a-t-il annoncé vendredi à l'AFP.
L'enquête va être confiée au commissariat de police de Calais, et si besoin, à terme à un service spécialisé. Elle porte sur le site Facebook du collectif ainsi que sur des rassemblements qu'il a organisés, principalement la manifestation du 7 septembre tenue sur la place de l'hôtel de ville de Calais.
L'enquête porte sur des propos tenus, notamment des références au troisième Reich et à la division Charlemagne (des Français engagés comme Waffen-SS). Des photos jointes aux plaintes montrent des participants faisant le salut hitlérien, a rapporté le procureur. Le bureau d'ordre a enregistré douze plaintes, de la section socialiste de Calais avec à sa tête le député Yann Capet, du collectif d'aide aux migrants Calais Ouverture et Humanité et de dix particuliers.
Le 7 septembre, le rassemblement à l'appel de "Sauvons Calais" avait mobilisé jusqu'à 300 personnes, 150 selon la police, pour dénoncer la présence
de migrants dans la ville avec la participation de nombreux représentants de l'extrême-droite. Une énorme banderole déployée devant le pupitre installée pour les prises de parole était barrée des mots "Foutons-les dehors".
"Des bras levés.."
Le 10 septembre, invitée sur le plateau du Grand Journal sur Canal Plus, la ministre de la Justice Christiane Taubira avait souligné qu'il n'appartenait pas au gouvernement "d'engager l'action publique" mais avait enclin la justice à prendre les choses en main. "C'est contraire au droit ce que j'entends là, c'est contraire à l'histoire de ce pays, à son identité", avait déclaré la ministre, réagissant à des images de la manifestation."C'est une très bonne nouvelle", a réagi de son côté Chris Vermeulen, un Calaisien qui a déposé plainte. "J'étais à la manifestation, j'ai vu des bras levés, des personnes inciter à la violence, dire que les migrants nous égorgeaient dans les rues... et puis un ou deux brassards SS. Moi je ne peux pas, c'est tout", a-t-il expliqué à l'AFP, reconnaissant par ailleurs que la question des migrants à Calais était "délicate" et exaspérait de nombreux habitants.
Considérant le collectif comme "inutile" et "n'engendrant que de la violence", et l'idée d'appeler à créer une milice comme "insupportable", M. Vermeulen a décidé de lancer une pétition pour appeler à la dissolution du groupe.