Christian Prudhomme, le directeur du Tour, a dessiné le parcours de l'édition 2015 qu'il a qualifié d'"atypique" lors de sa présentation mercredi à Paris
Est-ce un Tour plus montagneux ?"Il n'est pas plus montagneux que les autres puisqu'il y a deux cols de moins qu'en 2013. En revanche, il y a vraiment une partie de plaine et une autre de montagne. En 2015, ce seront les quarante ans du maillot à pois (de meilleur grimpeur) et on souhaitait mettre de la montagne, qui sera surtout condensée dans les deux dernières semaines. Avec, pour la première fois dans l'histoire du Tour de France, l'Alpe d'Huez à 24 heures des Champs-Elysées."
Vous avez opté pour très peu de contre-la-montre...
"La tendance générale est à la diminution du nombre de kilomètres de contre-la-montre. Il y a une volonté de notre part que la course ne soit pas bloquée. L'an dernier on avait mis un chrono long à la veille de l'arrivée, cette année il y aura un chrono d'entrée et un autre par équipes."
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— Le Tour de France (@letour) 22 Octobre 2014
Pourquoi avoir remis les pavés pour la deuxième année de suite ?
"Dès lors qu'on rentrait en France par le Nord, nous n'avions pas l'intention de passer ostensiblement à côté des pavés. Comme à l'époque de Bernard Hinault et Joop Zoetemelk, il y aura deux années consécutives de pavés sur une portion comparable à 2010 et 2014."
Comment qualifier ce parcours ?
"Atypique. C'est la première fois depuis dix ans que l'on revient à huit jours dans la plaine, mais une plaine très différente de ce qu'on a pu connaître. On
a cherché toutes les aspérités possibles, le Mur de Huy, Mûr-de-Bretagne, les pavés, des étapes aussi où le vent pourrait jouer un rôle capital, la digue de Zélande, les falaises d'Etretat avant Le Havre. Puis la montagne bien sûr. Il y aura de quoi faire un Tour haletant et, j'espère, plein de rebondissements."
Ce sera dur pour les sprinteurs ?
"Ils devront s'adapter mais ça favorisera sans doute dans la première semaine un plus grand nombre de sprinteurs. John Degenkolb trouvera autant d'arrivées à son goût que Marcel Kittel."
Pourquoi cette étape ramassée entre Arras et Amiens ?
"Il y a une volonté d'avoir une étape pour sprinteurs mais aussi une étape de mémoire. On va passer par les champs de bataille de la Somme, une des batailles les plus meurtrières de la Première Guerre mondiale et cette étape sera lue d'une autre manière dans d'autres pays. J'ai appris que la nation australienne s'est fondée sur les batailles autour d'Amiens, à Villers-Bretonneux notamment."
Est-ce un Tour pour les grimpeurs ?
"Si on ne grimpe pas, on ne gagnera pas le Tour 2015, mais c'est vrai quasiment tous les ans, encore plus cette année. L'absence de chronos et la montagne condensée doivent permettre des tactiques offensives. Le contre-la-montre a souvent bloqué la course, là on a un Tour qui en est presque dépourvu, mais attention les secondes pourront coûter cher. Quand tout est regroupé en deux minutes, tout devient possible, le leader a beaucoup plus d'adversaires à surveiller, la tactique devient plus compliquée."
La performance des Français dans le Tour 2014 a-t-elle pesé ?
"Non, mais je m'en suis évidemment réjoui. Le parcours leur facilitera peut-être la tâche mais il faut se méfier des hypothèses que l'on échafaude. On se rend compte après coup que ce n'était pas du tout le cas, sauf quand on a affaire à un géant comme Eddy Merckx."
Tour de France 2015 : les temps forts prévisibles
Douze étapes sur les 21 du Tour de France 2015 seront des temps forts de la course, susceptibles d'être déterminants pour le classement.Utrecht (1re étape): l'unique contre-la-montre individuel de cette édition, 14 km. Un exercice de force athlétique, à l'adresse des rouleurs.
Huy (3e étape): la parole aux puncheurs. Le chemin des Chapelles, autre nom du Mur où est jugée l'arrivée de la Flèche Wallonne, ressemble à un calvaire.
Cambrai (4e étape): avec 13 km de pavés, répartis sur sept secteurs. Attention danger, même s'ils sont plus éloignés de l'arrivée qu'en 2014.
Mûr-de-Bretagne (8e étape): la trouvaille de 2011 a séduit. Le final (2 km à 6,9%) s'adresse aux grimpeurs mais aussi aux puncheurs.
Plumelec (9e étape): le contre-la-montre par équipes, tardif et réduit à 28 km, se termine au sommet de la côte de Cadoudal.
La Pierre-Saint-Martin (10e étape): une course de côte maxi-format (15,3 km à 7,4%) pour l'entrée dans les Pyrénées.
Plateau de Beille (12e étape): l'hommage à Casartelli dans le Portet d'Aspet pour commencer, la très difficile ascension de Beille pour finir.
Mende (14e étape): la raide montée Laurent Jalabert, pour rendre hommage au vainqueur de l'étape de 1995, précède de peu l'arrivée.
Pra-Loup (17e étape): la descente d'Allos, très technique, conduit directement à l'ascension finale. Quarante ans après l'exploit de Thévenet face à Merckx.
Saint-Jean-de-Maurienne (18e étape): le Glandon pour plat principal, la nouveauté des Lacets de Montvernier juste avant la conclusion.
La Toussuire (19e étape): une alternance de montées et descentes pour l'essentiel. La Croix-de-Fer et le Mollard avant la montée finale.
Alpe d'Huez (20e étape): le parcours 2011 (Télégraphe, Galibier, Alpe d'Huez) est repris. Pour un feu d'artifice des grimpeurs à la veille de l'arrivée.