La garde des sceaux, Christiane Taubira est venue ce vendredi rencontrer le personnel de la prison de Maubeuge, après l'incendie qui s'est déclaré et a poussé à l'évacuation.
La ministre de la Justice, Christiane Taubira, a effectué vendredi dans l'après-midi une visite de la prison, éclairée à la lampe torche par Alain Jégo, directeur interrégional pénitentiaire.
"Les opérations (d'évacuation) se sont déroulées dans le plus grand calme, tout le monde a été exemplaire: les pompiers, une forte mobilisation des personnels pénitentiaires, les conseillers d'insertion et de probation, et toutes les forces de sécurité coordonnées par le préfet", a salué la ministre dans un point de presse à l'issue de sa visite.
Quelque 110 gendarmes et 110 policiers, et 129 personnels pénitentiaires ont pris part à cette opération rare menée en deux étape : une première vague d'évacuations dans la nuit de jeudi à vendredi, et une deuxième vendredi après-midi. Les détenus de Maubeuge, acheminés vers les prisons de Douai, Annoeullin, Sequedin, Bapaume, Rouen et Amiens, ne pourront regagner leur centre pénitentiaire qu'après des travaux prévus pour durer "une quinzaine de jours", a estimé M. Jégo auprès de l'AFP vendredi après-midi.
"Ce sont des travaux assez lourds parce que ce sont de très gros câblages électriques qui sont détruits", avait-t-il expliqué plus tôt dans la journée lors d'une conférence de presse. Les raisons techniques de la surchauffe des câblages situés dans le bâtiment technique de la prison n'étaient pas encore connues. L'incendie n'a pas fait de blessés.
L'incendie "s'est produit à 15H30 jeudi, un feu électrique au niveau de la maintenance a endommagé un câble à haut voltage de 20.000 volts", a déclaré à l'AFP le secrétaire régional de l'Ufap-Unsa justice, Laurent Scassellati. Ses collègues se sont retrouvés "dans un black-out total" et privés d'électricité et de chauffage. La question d'une évacuation, une opération rare et délicate, "s'est vite posée", selon Bruno Clément-Petremann, sous-directeur de l'état-major de sécurité à la direction de l'administration pénitentiaire.
"On ne peut pas laisser dans le froid la population carcérale, même si les températures sont en ce moment plutôt clémentes", a-t-il souligné. "Mais même si cela avait eu lieu en plein été, on aurait dû évacuer car il est difficile de fonctionner sans électricité", a-t-il dit.
Crainte de surpopulation
Les agents de probation ont pris dans la journée contact avec toutes les familles des détenus afin que celles-ci connaissent le lieu d'affectation provisoire deleur proche, a indiqué M. Jégo. Le centre pénitentiaire de Maubeuge, ouvert en 1990 et situé à 80 km de Lille, comporte une maison d'arrêt avec des prévenus en attente de jugement et un centre de détention avec des prisonniers en fin de peine. Il ne compte pas de quartier de haute sécurité.
Les détenus considérés comme les plus dangereux ont été évacués par fourgons cellulaires, tandis que les autres l'ont été en autocars, selon des sources concordances. "Cette nuit, c'était impressionnant, ils ont coupé l'autoroute exprès" pour pouvoir faire circuler les convois de prisonniers, a déclaré à l'AFP Christophe Loyer, syndicaliste Ufap-Unsa Justice qui se trouvait sur place et qui a dénombré pas moins d'une trentaine de véhicules de police.
Répondant aux craintes de voir des prisons déjà surchargées l'être encore plus, M. Clément-Petremann a indiqué que l'administration a "essayé de viser des prisons dans lesquelles le taux de surpopulation était relativement mesuré", par exemple à Rouen ou à Douai qui ont connu "une certaine décrue" depuis quelques semaines. Pour M. Scassellati, "ça va engendrer une surpopulation qui existe déjà. Par exemple à Douai, on va monter à 600 alors qu'on a une capacité de 400 places".
En juin 2010, la prison de Draguignan (Var), qui possédait un nombre similaire de détenus (436) à celle de Maubeuge, avait elle aussi été évacuée, cette fois-ci en raison d'inondations. Une opération d'évacuation à Arles, toujours en raison d'inondations, a également eu lieu en décembre 2003, a rappelé M. Clément-Petremann