Amar Lasfar, recteur de la mosquée de Lille-Sud, président de l'UOIF réagit à l'attentat à Charlie Hebdo.
Amar Lasfar, recteur de la mosquée de Lille-Sud, président de l'UOIF (Union des Organisations Islamistes de France), est une personnalité qui compte dans le monde musulman, particulièrement dans le Nord Pas-de-Calais. Il a accepté de recevoir une équipe de France 3 Nord Pas-de-Calais pour réagir à l'attentat qui a touché Charlie Hebdo ce mardi : "L'horreur. Le choc. Un tremblement de terre. C'est la première fois que nous vivons ça en France. On a connu des attentats en 1995, la guerre du Golfe en 1991 mais c'est la première fois, que le France est devenue une cible pour les terroristes. "Selon un survivant, les agresseurs, cagoulés et vêtus de noir, ont fait irruption lors d'une conférence de rédaction de Charlie Hebdo et crié: "Nous avons vengé le prophète!" et "Allah akbar". L'hebdomadaire était visé par des menaces constantes et faisait l'objet d'une protection policière depuis la publication de caricatures de Mahomet fin 2011.
Les musulmans veulent donc éviter tout amalgame avec leur religion : "Ces attentats, ils sont signés au nom d'une religion que j'ai, au nom d'un Seigneur, d'un Dieu que je prie, affirme Amar Lasfar. Moi je dis « Allah akbar » dans ma prière. Mais apparemment, c'est pas le même « Allah akbar » qui est devenu une référence pour la tuerie, l'assassinat, l'élimination. Je ne trouve pas les mots pour exprimer l'émotion et la douleur qui est la mienne en tant que citoyen et en tant que musulman."
"Attaque contre la démocratie et la liberté de la presse"
Au nom des "musulmans de France", le Conseil français du culte musulman (CFCM) a réagi avec une célérité inhabituelle à ce "drame d'ampleur nationale", cette "attaque contre la démocratie et la liberté de la presse". L'instance de représentation de la première communauté musulmane d'Europe (3,5 à 5 millions de fidèles) a appelé en outre ses coreligionnaires "à faire preuve de la plus grande vigilance face aux éventuelles manipulations émanant de groupes aux visées extrémistes, quels qu'ils soient".
Pour sa part, le Rassemblement des musulmans de France (RMF), grande fédération de sensibilité marocaine, cite un verset du Coran: "Quiconque tue une personne (...) c'est comme s'il avait tué toute l'humanité." Très ému par cet attentat qui lui a rappelé la tuerie antisémite perpétrée par Mohamed Merah à Toulouse en mars 2012, le grand rabbin de France, Haïm Korsia, a déclaré à l'AFP: "C'est le temps du deuil, on doit se rassembler tous."
"On a besoin de ce temps d'union nationale et de défendre tous ensemble nos libertés, dont la liberté d'expression", a poursuivi le chef religieux de la première communauté juive d'Europe, forte de 500.000 à 600.000 membres. Venu sur les lieux du drame, Hassen Chalghoumi, le très médiatique imam de Drancy, a souligné que "ce n'est pas ça l'islam", accusant "une minorité de fanatiques et de barbares". "J'espère qu'il n'y aura pas d'amalgames", a-t-il dit.
Une initiative commune des responsables religieux
L'ensemble des responsables des cultes se réuniront jeudi pour prendre une initiative commune après l'attentat contre l'hebdomadaire Charlie Hebdo, a annoncé le président de la Fédération protestante de France, François Clavairoly, sur le perron de l'Elysée, à l'issue d'une rencontre avec le président François Hollande.Cet attentat sanglant "est un coup porté à l'ensemble des musulmans", a déclaré pour sa part le président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur, qui a également annoncé "une réunion" jeudi de tous les représentants de l'islam de France.