Un ex-séminariste, qui a vécu une liaison avec le prêtre Philippe Detré à l'époque où celui-ci avait commencé ses agressions et viols sur plusieurs mineurs, a raconté mardi à la barre sa relation avec l'accusé, pleine de non-dits, lors de la seconde journée du procès en assises mardi à Douai.
Vous pouvez également suivre ce procès en direct, minute par minute sur cette page.Jean-Marie B., 61 ans, veste beige, le visage cerné d'un collier de barbe, a décrit une liaison faite de peu de mots, en dépit des relations intimes régulières entre les deux hommes depuis leur rencontre en 1978. "Je n'ai jamais eu connaissance qu'il avait eu des rapports intimes avec des enfants (...), je pensais que j'étais le seul", a-t-il assuré, estimant n'avoir "jamais eu de conversation claire d'adulte avec lui".
Je n'ai jamais vu d'enfants autour de lui.
"Je n'ai jamais vu d'enfants autour de lui, si ce n'est en 1987 lorsque j'ai été sollicité pour l'accompagner en Espagne, pour des enfants n'ayant pas pu bénéficier de vacances", a-t-il relaté. M. Detré est notamment accusé d'avoir agressé plusieurs mineurs lors de voyages de vacances organisés par lui pour des enfants défavorisés.
Le profil de M. Detré a été mis en parallèle avec celui de M. B., car celui-ci a renoncé avant son ordination à la prêtrise: "Ce n'était pas ma voie, m'estimant pas assez solide pour assumer pleinement le voeu de chasteté", a-t-il répondu à la présidente de la cour, Anne Segond. La solitude née de la chasteté avait souvent été évoquée par M. Detré, la veille, pour expliquer pourquoi il agressait de jeunes enfants.
J'étais un peu gourmand, sans doute.
L'Eglise favorisait-elle cette réflexion sur la chasteté? "C'était une démarche individuelle, mais j'étais aidé par un médecin spécialisé, et épaulé par un prêtre du séminaire pour que ce travail d'éclairage soit fait", a expliqué M. B.
Un exemple qui n'a pas fait réfléchir M. Detré sur son propre cas: "Je n'ai jamais trouvé de réponses", a dit ce dernier. La relation avec M. B. a eu lieu à l'époque où M. Detré avait commencé ses agressions sur mineurs, et selon Mme Segond, "n'arrêtait pas". Ce à quoi l'accusé a répondu: "J'étais un peu gourmand, sans doute."