Lundi, un collégien de 13 ans se trouve en cours d'anglais dans son collège de Sallaumines. Il aurait alors crié, selon La Voix du Nord qui révèle cette information, qu'il était "heureux de voir des policiers mourir lors des attentats perpétrés la semaine dernière" et "aurait même regretté qu’il n’y ait pas davantage de victimes." Des propos qui l'ont amené devant le principal du collège à qui il aurait répété les mêmes mots. La police a alors été appelée. Elle a placé l'adolescent en garde à vue.
A Lens, un collégien a également été placé en garde à vue le lendemain mardi. Il aurait déclaré à une de ses camarades "Si c’était moi, j’aurais pas tué que douze personnes, j’aurais tué tout Paris", et se serait dit prêt à partir en Syrie faire le jihad. Devant les policiers, il a reconnu les faits. Vendredi, il avait refusé de participer à la minute de silence.
Les deux seront convoqués par la justice ultérieurement.
Des incidents qui ne remontent pas
Ces deux faits montrent que le bilan officiel annoncé par le rectorat concernant les incidents pendant ou autour de la minute de silence a été sous-estimé. Dès lundi, nous rapportions que certains enseignants avaient été interpellés par l'attitude d'une très petite minorité d'élèves. Le rectorat de Lille n'avait pourtant remonté au Ministère de l'Education nationale qu'un seul incident.Ce jeudi, dans La Voix du Nord, le recteur reconnaît d'ailleurs que ce chiffre ne correspond pas à la réalité : « Je trouve étrange de ne pas en avoir reçu de la part de territoires dont je sais qu’ils sont difficiles. » Jean-Jacques Pollet pense que certains incidents ne remontent pas, sont minimisés ou cachés. Il compte relancer les enseignants et chefs d'établissement pour ensuite prendre des mesures : ateliers, débats, accompagnement avec des équipes d'appui...
200 incidents en France
Quelque 200 incidents liés aux attentats de la semaine dernière ont eu lieu dans les établissements scolaires dont une quarantaine signalés à la police et la justice, a indiqué mercredi Najat Vallaud-Belkacem à l’Assemblée nationale.La minute de silence organisée jeudi à la mémoire des victimes de l’attentat à Charlie Hebdo «ne s’est pas toujours bien passée, des incidents ont eu lieu, ils sont même nombreux, graves et aucun d’entre eux ne doit être traité à la légère», a-t-elle dit lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. La ministre de l’Éducation nationale a été applaudie, y compris par les députés de droite dont elle est habituellement une des cibles préférées.
Une centaine d’incidents ont été signalés lors de la minute de silence, une autre centaine dans les jours qui ont suivi. «Une quarantaine» de cas «ont été transmis aux services de police, de gendarmerie, de justice, parce que pour certains il s’agissait même d’apologie du terrorisme. Nous ne pouvons pas laisser passer cela», a-t-elle déclaré.