Les migrants de Calais victimes de violences policières, selon une association

Selon Human Rights Watch, les migrants et demandeurs d'asile sont régulièrement brutalisés par la police à Calais.

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L'ONG Human rights watch a dévoilé un rapport faisant état de violences policières à l'encontre des migrants à Calais, des actes "gratuits, injustifiés, excessifs". Le témoignage de migrants a été recueilli en novembre et décembre 2014.   «J’ai réalisé des entretiens longs avec quarante-quatre migrants dont trois mineurs, explique Izza Leghtas, chercheuse pour l’organisation. Dix-neuf m’ont déclaré avoir été maltraités au moins une fois par la police. Une maltraitance pouvant notamment signifier un passage à tabac. Huit avaient eu un membre cassé et vingt et un, dont deux enfants, avaient été aspergés de gaz. »

Témoignages

Coups de bottes, coups de matraques, utilisation injustifée de bombes lacrymogènes, les migrants racontent être victimes régulièrement de violences de la part des policiers. « Le gouvernement français devrait mettre un terme à toute violence policière et honorer son engagement à fournir rapidement un logement aux demandeurs d'asile », affirme Izza Leghtas. « Une solution durable à la crise à Calais est attendue depuis longtemps. »
  • Souhail, 20 ans, originaire d'Iran : « Les policiers m'ont aspergé trois fois quand j’étais dans le camion. J’étais seul. Les trois fois, c’était il y a environ un mois. Les policiers ont ouvert la porte et avant de dire quoi que ce soit ils m’ont aspergé le visage, je ne pouvais rien voir et deux fois ils m’ont frappé avec leurs bottes et leurs mains. »
  • Rosa, 25 ans, d'Erythrée : « La police a examiné le camion et m'a trouvée. J’ai dit : ‘S’il vous plaît aidez-moi’, mais ils m’ont battue et je me suis effondrée devant le camion. Ils m’ont rouée de coups de pieds sur le sol. »
  • Salamou, 28 ans, originaire d’Érythrée : « Je marchais, normalement. Quatre policiers sont sortis de leur camionnette et m’ont frappé à coups de bottes et de matraque. Après m’avoir frappé, un policier a dirigé une lampe sur moi et m'a ri au nez. ‘Aidez-moi’, ai-je supplié, mais il a ri. Ils m’ont donné des coups de pieds alors que j’étais à terre, comme un chien. »

Le préfet et le ministre réfute ces accusations

Ces témoignages sont-ils crédibles ? Racontent-ils la vérité de ce qui se passe à Calais ? Le travail de Human Rights watch n'est pas statistique ou scientifique mais ... " On est sûr de ce qu'on avance sinon, évidemment, on n'accuserait pas la police à la légère", avance Jean-Marie Fardeau, directeur de l'association. "Si l'utilisation légitime de la force est inévitable, les responsables de l'application de la loi doivent faire preuve de modération et ne pas utiliser plus de force que celle qui est proportionnée pour atteindre un objectif légitime tel que la protection de la sécurité personnelle.", écrit aussi l'ONG. Le Monde, qui a révélé le rapport affirme que le travail de Human rights watch "confirme ce que chaque visiteur entend dès qu’il se rend sur un campement du Calaisis où vivent 2 200 personnes."

Le préfet du Pas-de-Calais, interrogé par France Info, réfute toutes les accusations. Il confirme que de nombreux migrants portent des traces de blessures mais selon lui, c'est à cause de "conflits violents entre les réseaux de passeurs. Les migrants se blessent pendant leurs tentatives de passage en Angletrerre montant dans les camions, en escaladant les clôtures."

Dans un communiqué, Bernard Cazeneuve,  ministre de l'Intérieur "regrette que l’association Human Rights Watch n’ait pas pris la peine de vérifier les allégations de violences policières dont elle fait état", et l'invite à "saisir les autorités des éléments tangibles qu’elle aurait pu recueillir afin que des enquêtes approfondies et impartiales puissent être menées sur ces faits". 

Human rights watch affirme que cette dernière proposition n'est pas envisageable : "Les gens ne veulent pas porter plainte pour ne pas avoir de problèmes avec la police", explique-t-il. 

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