Un libraire de Lille de 58 ans sera jugé le 2 février par le tribunal correctionnel pour "apologie du terrorisme" ayant notamment exhibé un drapeau de l'organisation État islamique dans la devanture de son magasin.
Lundi, lors de sa comparution immédiate devant le tribunal correctionnel, le prévenu a demandé à ce que son procès soit renvoyé. Le tribunal a décidé de le placer sous contrôle judiciaire.
Vendredi, un automobiliste circulant sur une artère importante de Lille remarque un drapeau noir dans la devanture de la librairie orientale El Azhar. Il alerte les policiers.
"Je suis Ben Laden"
A l'arrivée des fonctionnaires, le libraire dit "personne ne peut me contrôler". Quand les policiers lui demandent de décliner son identité, il répond "Je suis Ben Laden", puis "les barbus vont vous vaincre, inch'Allah".Les policiers ont constaté la présence de nombreux drapeaux noirs de l'organisation État islamique, certains au plafond de la boutique. Lors de l'interpellation, le prévenu, né au Maroc et qui a huit enfants, a conseillé aux policiers d'aller inspecter son garage. "Vous découvrirez peut-être une kalachnikov", leur a-t-il dit.
Interrogé sur les actes terroristes qui ont secoué la France, le libraire, cheveux rasés et longue barbe rousse, a dit "condamner tous les gens qui assassinent".
"Il conteste tout acte d'apologie du terrorisme"
"Je pense qu'il y a une confusion entre les drapeaux religieux et idéologiques. Ce monsieur tient cette librairie depuis 19 ans, il n'a jamais dû rendre compte de son activité devant les tribunaux ou les services de police. Il conteste tout acte d'apologie du terrorisme", a déclaré son avocat Charles Cogniot.Pendant les deux semaines de son contrôle judiciaire, il a l'interdiction de se rendre à sa libraire, a fait savoir le tribunal.
Devant le même tribunal correctionnel, un homme âgé de 21 ans a été condamné à neuf mois de prison pour apologie du terrorisme et violences envers des policiers. Lors de sa garde à vue, après des voies de fait sur les policiers, il avait répété à plusieurs reprises "Je ne suis pas Charlie, je suis Coulibaly, je suis un terroriste".
Le prévenu, qui avait déjà été condamné à de la prison ferme pour de multiples vols, a clamé son innocence lors de sa comparution, réfutant avoir tenu les propos qui lui étaient reprochés.