Guy Delcourt, député PS du Pas-de-Calais et ancien maire de Lens, souhaite la création d'une "mission extérieure" pour faire "un état des lieux" du Racing Club de Lens et de ses finances.
"Au regard de ses déclarations successives, soit Gervais Martel avance à vue, soit il nous joue une comédie qui devient dramatique", s'agace ce jeudi Guy Delcourt, député socialiste du Pas-de-Calais, dans un entretien qu'il nous a accordé. Depuis plusieurs jours, l'ancien maire de Lens appelle les élus locaux à "siffler la fin de la récréation" au sujet du RCL, l'actionnaire majoritaire des Sang et Or, l'Azerbaïdjanais Hafiz Mammadov, n'ayant toujours pas versé à ce jour les 14 millions d'euros qu'il s'était engagé à injecter dans les caisses du club ce mois-ci. Cette somme doit notamment permettre au Racing d'obtenir, auprès de la Direction Nationale du Contrôle de Gestion (DNCG) la levée définitive de son interdiction de recruter avant la clôture du mercato d'hiver ce lundi 2 février.
Guy Delcourt a conscience que rien ne permet légalement d'écarter Hafiz Mammadov, celui-ci étant propriétaire à 99.99% de RCL Holding, la société qui détient la majorité des parts du club. Pour autant, les élus locaux ont, selon lui, une carte à jouer. "Le président de la région, le président du conseil général du Pas-de-calais et mon successeur à la mairie de Lens doivent avoir une plus grande exigence", nous a-t-il expliqué. "Le chantier de rénovation du Stade Bollaert-Delelis, financé par des fonds publics (à hauteur de 70 millions d'euros NDR) exige une perspective au moins sur 5 ans. On doit exiger du locataire actuel (le RC Lens qui dispose d'un bail emphytéotique jusqu'en 2052 NDR) de permettre une mission extérieure pour effectuer un état des lieux du club et de ses finances".
"Je n'ai pas envie qu’un des élus concernés soit accusé d'un manque de vigilance"
Pour l'ex-maire lensois, cet effort de transparence est devenu aujourd'hui indispensable. "Je ne cherche pas à envenimer le débat mais à préserver mon successeur Sylvain Robert et le nouveau président du conseil général du Pas-de-Calais Michel Dagbert", se justifie-t-il ."Quand je vois comment travaillent les chambres régionales des comptes, je n'ai pas envie qu’un des élus concernés (par le chantier du Stade Bollaert-Delelis NDR) soit accusé d'un manque de vigilance". "Toutes les semaines, à l'Assemblée Nationale, j'ai droit à cette question : qu'est-ce que vous foutez ?", poursuit-il. "Qu'on m'explique pourquoi aucune banque ne veut travailler aujourd'hui avec le RC Lens ? Qui a dilapidé le trésor de guerre du RC Lens après le titre de champion et les coupes du monde de foot et de rugby ?"
Guy Delcourt se félicite des propos tenus récemment par Daniel Percheron, le président de la région Nord Pas-de-Calais, et Patrick Kanner, le ministre nordiste des Sports, dans le dernier numéro de France Football, paru mercredi. Le premier, supporter inconditionnel des Sang et Or, se montre désormais très critique sur le mode de gestion de Gervais Martel, l'emblématique président du RC Lens. Et pas seulement sur les 8 derniers mois. "Gervais (...) n'en a toujours fait qu'à sa tête", a déclaré Daniel Percheron dans les colonnes de l'hebdomadaire sportif. "Quand il a décidé que Lens jouerait la Coupe d'Europe régulièrement, Gervais était trop seul, surtout dans le bassin lensois, qui est celui qui fournit le moins de richesse en France. Quand vous êtes à cinq euros la place pour être en communion avec votre peuple, il faut raison garder." Interrogé lui aussi par France Football, Patrick Kanner reconnaît qu'"aujourd'hui, on est un peu dans l'impasse" avec le RC Lens. "Il faut imaginer aussi d'autres hypothèses de travail qu'avec l'Azerbaïdjan", propose-t-il. Reste à savoir quelles sont concrètement ces "autres hypothèses"...