Ce jeudi, dans Nord-Pas-de-Calais Matin, notre chroniqueuse éducation vous en dit plus sur les sciences politiques qui irriguent certains cursus, comme le droit, mais forment également une filière à part entière, très sélective.
Le concours pour accéder à Sciences Po Lille, commun avec cinq autres IEP, reste très sélectif : 10% d’admis, affichant 16/20 de moyenne au bac. Thibault Cauliez fait partie de la promo 2009, intéressé par la politique depuis son plus jeune âge, il a « adoré les cours, délivrés par des professeurs passionnés, avec une grande diversité des matières et des sujets », science politique, bien sûr, mais également économie, histoire, géographie, relations internationales... « Des cours en petits groupes, une vie étudiante animée de débats, une émulation. »
Au final, des débouchés très divers : dans l’association d’anciens, présidée par Thibaut, on compte des hauts fonctionnaires, Sénat, quai d’Orsay, Assemblée, IRA..., ou des consultants de grandes sociétés privées, informatique, finance, marketing..., des journalistes (double diplôme possible avec l’ESJ) ou des membres d’ONG, « d’autres ont créé leur restaurant... » Mais attention, cette ouverture des possibles ne doit pas empêcher de s’orienter peu à peu : « l’école très ouverte peut être un piège, il faut construire son projet, le faire mûrir. »
Pour réussir le concours, suivre l’actualité et être bon en langues peut aider. Des annales existent (cc.iep.fr). "Notre président d’association dégage les qualités importantes pour la réussite : curiosité et ouverture d’esprit, s’intéresser à n’importe quel sujet, ne pas hésiter à faire des recherches : la culture générale ne se révise pas dans les livres mais se construit au fur et à mesure... Concernant les études, il faut savoir s’exprimer à l’oral, et être bon dans toutes les matières. »
L’école lilloise a mis en place un dispositif de démocratisation : des lycéens de condition modeste viennent découvrir l’IEP, et reçoivent une formation pour préparer le concours. Une façon surtout, pour ces élèves brillants mais peu sûrs d’eux, d’envisager la poursuite d’études, pas uniquement à sciences po. Car le concours reste le même pour tous : « cette grande école restera élitiste, mais sans censure sociale à l’entrée. Les équipes comme les étudiants sont très investis dans cette démarche d’aider les personnes méritantes, mais qui se censuraient, à faire de grandes études ! » se réjouit Thibaut Cauliez.
ESPOL
A côté de l'IEP, un autre cursus de sciences politiques
« En complémentarité et non en concurrence avec l’IEP », précise d’emblée Alexis Massart, directeur d’ESPOL, l’Ecole Européenne de Sciences Politiques et Sociales a ouvert en septembre dernier (pour la rentrée prochaine, sélection sur dossier jusqu’au 23 août), volonté de La Catho où, « si la science politique se retrouvait dans différentes filières, notamment en droit, elle ne bénéficiait pas d’une formation identifiée et de recherche dédiée. Sur dix mille candidats au concours commun des IEP, seuls mille obtiennent une place : cette formation de qualité plaît aux étudiants, il y avait de la place à côté. »L’école privée a décidé de se différencier, en visant l’échelle européenne, avec toujours le même objectif : « former les décideurs de demain, avec de la science politique pure : qu’est-ce que l’État, les partis politiques, l’origine du politique... Mais pas uniquement : économie, histoire, géopolitique, littérature... Des têtes bien faites, capables d’analyser les enjeux, la société. » Même son de cloche qu’à l’IEP de Lille : « tout l’intérêt de la filière est d’ouvrir à peu près toutes les portes, fonction publique, secteur parapublic avec les ONG, lobbying, économie traditionnelle. » Nos interlocuteurs sont unanimes : « faire sciences po permet d’être bien armé pour réaliser plusieurs carrières professionnelles ». Le profil d’un étudiant science po selon Pierre Mathiot, directeur de l’IEP de Lille (interview ci-contre) ? « Curieux, avec un esprit critique. Nous ne faisons pas le catéchisme, nous donnons aux étudiants les outils pour analyser la complexité du monde. Ils exerceront dans des environnements professionnels divers, changeront de métiers : nos étudiants acquièrent les compétences pour passer d’un monde à l’autre. »