Arras : pour que sa soeur Elza puisse "mourir sans souffrir", elle écrit à François Hollande

Une habitante d'Arras a décidé d'écrire au Président de la République pour lui exposer la situation de sa soeur, âgée de 21 ans, en fin de vie. Elle la voit souffrir et a du mal à le supporter. Elle voudrait qu'on lui permette de "mourir dignement."

##fr3r_https_disabled##Elle ne pensait pas que son courrier aurait autant d'impact, ferait autant parler autour d'elle, susciterait autant d'émotion... Carole Verdin, commerçante à Arras, a écrit le 1er février dernier à François Hollande pour lui parler de sa soeur Elza, 21 ans. Handicapée (neurofibromatose, maladie génétique grave), atteinte d'un cancer pendant des années, elle a fait un AVC en novembre dernier. Depuis, elle est hospitalisée au CHR de Lille : "Elle est muette, aveugle, tétraplégique, respire artificiellement, mange avec une assistance, explique sa soeur. Elle ne pourra pas guérir. De temps en temps, elle sourit. Toutes les 15 minutes, elle pleure, on ne sait pas bien pourquoi. Voir ma soeur comme ça, c'est très dur. Elle a toujours été heureuse et battante. On lui a offert une magnifique vie malgré sa maladie."

Aujourd'hui, les médecins reconnaissent qu'ils n'ont "plus de but thérapeutique". Ils cherchent avec la famille à mettre en place un protocole de fin de vie. Protocole qui semble trop long pour Carole Verdin qui estime que sa soeur souffre pour rien : "Elle est maintenue en vie. Quel est l'intérêt de la garder comme ça ?" Une question qu'elle ne cesse de se poser depuis des semaines et qui l'a poussée à écrire à François Hollande : "Il est dans sa tour, là-haut. Il faut qu'il sache ce que nous vivons, comment ça se passe dans des cas très douloureux..."

"J'aimerais tant qu'elle s'endorme doucement, qu'elle ne se rende pas compte qu'elle est au bout de sa vie, que tout est fini."

Dans ce courrier au Président de la République, Carole Verdin prononce une seule fois le mot "euthanasie" mais c'est bien à cela qu'elle pense. Elle souhaiterait qu'une loi vienne la légaliser. Elle estime que la situation actuelle est "hyprocrite" : "On sait que ma soeur va mourir. Pourquoi ne pas lui injecter un produit pour l'endormir tout simplement. Là, avec la loi actuelle et les soins palliatifs, on aboutira au même résultat mais avec de la souffrance." 

Voici les extraits principaux de sa lettre à François Hollande : "Je n'accepte pas du tout de la voir agoniser et de la voir approcher la mort petit à petit en étant conscient : c'est juste affreux. (...) Avant, la mort de ma soeur était inimaginable et insurmontable. Malheureusement, la maladie en a décidé autrement, je dois l'accepter. Ma vie va changer à tout jamais car je l'aime plus que tout. (...) Les lois en France interdisent l'euthanasie mais dites-moi, quand un chien souffre, on fait quelque chose, on ne le laisse pas souffrir. "Elle a un coeur de 21 ans" : les médecins disent que ça peut être long. (...) Nous ne sommes pas égoïstes. Je ne veux pas d'une vie sans elle mais je suis obligé de l'accepter. Je voudrais seulement qu'elle parte en paix. Je sais que je ne vais changer les lois avec une lettre mais mon cas ne doit pas être isolé. Je n'ai jamais été confronté à ce sujet auparavant. Quand on y est confronté, on comprend vite pourquoi ça provoque de tels débats. (...) J'aimerais tant qu'elle s'endorme doucement, qu'elle ne se rende pas compte qu'elle est au bout de sa vie, que tout est fini. Mais cela est impossible en France car nous sommes contre le fait d'aider les gens à partir : même s'ils souffrent et qu'il n'y a aucun espoir. (...) Se battre contre le cancer pendant 15 ans et se voir mourir à 21 ans tout doucement et en souffrant : c'est un drame, c'est bouleversant."

Le courrier en intégralité

##fr3r_https_disabled##Pour l'instant, Carole Verdin n'a pas reçu de réponse à ce courrier. Elle espère simplement qu'il fasse avancer le débat, déjà très présent ces derniers mois en France. Elle est bien consciente que la situation ne changera pas pour sa soeur. Elle termine ainsi : "Quand on aime quelqu'un, on devient prêt à la voir partir, pour qu'elle ne souffre pas..."
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