Les loyers de Lille pourraient être encadrés dès début 2016, a annoncé mardi l'Agence départementale pour l'information sur le logement du Nord (Adil), chargée via un décret publié dans le journal officiel de samedi de déterminer le loyer lillois médian en vue d'un décret préfectoral.
Lille serait ainsi la deuxième ville française, après Paris dès cet été, à faire l'objet d'un encadrement des loyers, découlant de la loi Alur (Accès au logement et un urbanisme rénové) du 24 mars 2014."Cet encadrement pourra avoir lieu en début d'année 2016", a affirmé Francis Chassard, directeur de l'Adil, pour qui il s'agit essentiellement d'"une lutte
contre les marchands de sommeil".
"Les professionnels de l'immobilier n'ont rien à craindre, eux ils sont dans le marché, ils préfèrent louer au juste prix. Tandis que les marchands de sommeil,
des particuliers qui profitent, sont à l'affut de gens en difficulté", souligne M. Chassard.
Le décret préfectoral fixera l'encadrement à partir d'un loyer médian déterminé par l'Adil, après une collecte d'information par une dizaine d'enquêteurs auprès de 2.000 propriétaires et la mise à disposition des baux, obligatoire, par 8.000 professionnels de l'immobilier. Cette collecte doit débuter le 18 mai et prendre fin début juillet, selon M. Chassard.
L'encadrement sera différencié selon quatre tranches - ne correspondant pas nécessairement à des secteurs géographiques contigus. "Entre la rue Gambetta près de la place de la République, et la rue Gambetta vers Cormontaigne, il y a de sacrées différences de loyers", explique M. Chassard.
Le Premier ministre Manuel Valls avait initialement indiqué, fin juillet 2014, que l'encadrement des loyers, une mesure phare de la loi Alur sur le logement,
serait limitée à Paris, "à titre expérimental" et non étendue aux 27 autres villes prévues, dont Lille.
Pourquoi Martine Aubry avait réclamé cet encadrement...
Mais la maire de Lille, Martine Aubry, avait dès le lendemain réclamé dans un communiqué que Lille et d'autres communes puissent, sur une base volontaire, bénéficier aussi de l'encadrement des loyers.
"L'encadrement des loyers dans ma ville, c'est une nécessité absolue", avait affirmé Mme Aubry. "Nous avons le revenu fiscal par habitant le
plus faible de toutes les grandes villes, nos loyers sont les deuxièmes en France (des villes de plus de 200.000 habitants, ndlr) derrière Paris, nous venons de passer devant Nice".
Une majorité de Français attendent l'encadrement des loyers, selon un sondage Ipsos réalisé à l'automne pour la Fondation Abbé Pierre : 56% d'entre eux déclaraient alors vouloir le voir étendu à un maximum de grandes villes.