Au Teknival, une "transe" musicale collective et encadrée

Quelque 5 000 à 6 000 personnes étaient sur place hier. Aujourd'hui, jusqu'à 30 000 teufeurs pourraient être présents. 

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"Au bout de deux jours de teuf, le corps est fatigué et rentre dans un état second". Tel est, selon un participant, le charme si recherché du Teknival, le festival de musique techno qui se tient près de Cambrai (Nord) du 1er au 4 mai.

La rectitude sévère des bâtiments et des allées de l'ancienne base aérienne de Cambrai-Epinoy cède, le temps de cette 22e édition nommée "Teknivibration", aux velléités festives des 30.000 amateurs de son synthétique attendus.

Les quelque 6.000 déjà arrivés vendredi en début de soirée ont envahi le tarmac et s'attroupent pour danser et acclamer les plus de 600 DJs auprès des 37 "sound systems" (murs de son) qui déversent les rythmes infernaux et les mélodies synthétisées de la musique techno.

"Je suis venue parce qu'il y a des sound systems que j'aime et une musique qu'on ne trouve pas dans le commerce", se réjouit Lisa, 36 ans, cheveux teintés de rouge et de jaune, près d'un impressionnant mur de sonos, qui vrille l'air de pulsations saccadées.

"J'ai tellement de respect pour la liberté qu'il ne faut pas en parler, il faut la partager dans la musique", philosophe Dam's, punk belge de 41 ans. "La techno, c'est multiple", commente Julien Agasse, de FreeForm, association organisatrice. "En Angleterre, ils écoutent beaucoup de drum and bass, rythme de batteur accéléré avec par dessus des nappes de bassline et des mélodies. A Ibiza (Baléares ndlr) c'est la house qui domine. En France et en Belgique, on
est plutôt hard core"
, autrement dit amateur de mélodies réduites et de "boum boum" bien marqué, explique-t-il.

Le contexte d'un festival permet à la musique techno de livrer le plein potentiel de sa dimension collective : "il y a un aspect primitif, comme la musique tribale africaine, avec cette répétition qui fait entrer en transe" le groupe, souligne-t-il. Marine, 27 ans, venue de Picardie avec son petit ami, dit apprécier à travers cette musique "un mouvement, une culture" dont les valeurs cardinales sont "la liberté d'expression, le rassemblement".

"Conscience tranquille"

La profusion de murs de son fait qu'il n'est pas rare de trouver des danseurs solitaires, en collé-serré avec des sonos pour s'offrir un "trip" musical retentissant, au risque d'endommager leurs tympans.

"Le but d'un sound system est normalement de se mettre à bonne distance, là où toutes les enceintes convergent pour entendre les différentes pistes", observe avec circonspection une amie de Julien.

Lorsque l'on est très proche de la source de la musique, le but devient alors de ressentir les ondes sonores jusque dans ses entrailles. Contrastant avec le chaos organisé régnant sur l'ancienne base, on aperçoit au loin la longue file, patiente et disciplinée, des véhicules attendant de pouvoir rentrer.

Les gendarmes demandent parfois à l'un d'eux de se mettre sur le côté pour que ses occupants subissent un contrôle de stupéfiants par l'un des 138 chiens-renifleurs. Si en début de soirée le bilan plaide pour les "teufeurs", quatre personnes seulement ayant été contrôlées positives, l'impressionnant dispositif de sécurité mis sur pied par les préfectures du Nord et du Pas-de-Calais -en tout 1.500 policiers et secouristes mobilisés- ne laisse rien au hasard.

"C'est pas parce qu'on fait la fête qu'on est des crados", s'exclame néanmoins Océane, la vingtaine, emmitouflée dans un plaid à carreaux écossais, et venue en voiture de Perpignan avec sa meilleure amie.

"Certes je vais fumer des cigarettes illégales et boire quelques coups", lâche Lisa, mais "on est là pour s'amuser avec la conscience tranquille".

L'un des responsables de Freeform, Samuel Raymond, joue son rôle de médiateur : tout en critiquant le fait que le ministère de l'Intérieur ait une fois encore
annoncé le lieu et la date du Teknival peu de jours avant, alors qu'"on aurait pu le dire il y a six mois", il salue "le formidable travail" des forces de l'ordre.
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