Suspecté du meurtre et du viol d'Elodie Kulik en 2002, Willy Bardon, renvoyé devant les assises vendredi dernier, par la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Amiens, s'est pourvu en cassation. Son avocat a répondu à nos questions.
"Ce dossier est une usine à gaz !", d'après les terme de Stéphane Daquo, l'avocat de Willy Bardon. "Les magistrats sont en difficulté pour savoir ce qu'on peut exactement reprocher à Willy Bardon."
C'est sur cette difficulté que repose d'ailleurs l'argumentaire de l'avocat pour justifier un pourvoi en cour de cassation, afin que son client ne soit finalement pas renvoyé devant les Assises, comme cela a été décidé en cour d'appel.
Une affaire complexe
"Vous avez d'un côté des juges d'instruction qui renvoient monsieur Bardon devant la cour d'assises pour séquestration suivie de la mort de la victime. Vous avez Jacky Kulik (père d'Élodie, ndlr) qui est d'accord pour cette qualification, mais demande à ce qu'on le renvoie également pour meurtre précédé de viol. Le parquet général lui dit qu'il faut le poursuivre pour viol en réunion. Enfin, la chambre d'instruction dit qu'il faut le poursuivre pour viol en réunion, séquestration, et meurtre dans le but d'empêcher la victime de porter plainte."
Ces désaccords entre magistrats pourraient jouer en la faveur du suspect, 16 ans après les faits. La cour de cassation doit étudier la validité du pourvoi, et peut décider de casser la décision de la cour d'appel, si elle estime que le droit n'est pas respectée. Une autre chambre d'instruction sera alors chargée de décider si Willy Bardon doit être jugé devant les assises.
"Pas l'attitude d'un coupable"
Pour convaincre la cour de cassation que la décision doit être cassée, l'avocat insiste sur les preuves à l'encontre de son client. "Les élément qui permettent éventuellement de l'impliquer ne sont pas suffisamment fiables pour l'identifier." Il parle ici de l'enregistrement de l'appel de la jeune fille aux pompiers, dans lequel on entend une voix d'homme avec un fort accent picard, et que les enquêteurs ont identifié comme pouvant être celle de Willy Bardon. Maître Daquo relève également l'attitude de son client depuis le début de l'enquête.
"Se sachant recherché, il a fait 100 kilomètres pour revenir en direction des gendarmes pour être entendu. À aucun moment il n'a cherché à fuir la justice. Au contraire, à chaque fois qu'il a été convoqué, il s'y est présenté, ce qui ne nous semple pas être l'attitude d'un coupable."
La cour de cassation est le dernier recours du suspect. Si elle estime que la décision de la cour d'appel est valable, Willy Bardon sera jugé devant une cour d'assises.
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