L'affaire Élisa Pilarski a fait la une des médias pendant des semaines et continue de faire réagir sur les réseaux sociaux. L'avocat du maître d'équipage de chasse à courre appelle à un retour à la sérénité et demande au procureur de la République de s'exprimer pour éviter la diffusion de rumeurs.
C'est une affaire qui déchaîne les passions depuis plusieurs mois. Le 16 novembre 2019, le corps d'Élisa Pilarski est retrouvée dans la forêt de Retz alors qu'elle promenait son chien Curtis. Il semble qu'elle a été dévorée par un ou plusieurs chiens.
Que s'est-il passé ?
Depuis, dans les médias comme sur les réseaux sociaux, plusieurs théories ont vu le jour, autour d'une question centrale : quel(s) chien(s) est à l'origine du décès de la jeune femme de 29 ans ? L'hypothèse d'un malinois, croisé plus tôt dans la forêt, a très vite été avancée, avant d'être complètement écartée. L'attention s'est ensuite cristallisée autour des chiens de l'équipage de la partie de chasse à cour qui avait lieu au même moment dans la forêt. Sans oublier Curtis, le chien de la jeune femme, qui lui aussi pourrait être à l'origine du massacre.
En somme, l'une des seules certitudes, c'est qu'on ne sait pas grand chose. Et pour cause : très peu d'éléments du dossier d'instruction ont été communiqués depuis le début de l'affaire. Pour Guillaume Demarcq, avocat du maître d'équipage de chasse à courre Sébastien Van Den Berghe, ce silence du procureur de la République est de plus en plus problématique. "Tous les jours dans la presse et sur les réseaux sociaux, des informations inexactes sont colportées et commentées. (...) Le seul qui soit à même de faire cesser la diffusion de ces informations, c'est le procureur de la République."
"Laisser la justice travailler"
En effet, dans le cadre d'une instruction judiciaire, ni les avocats, ni le juge d'instruction, ni les enquêteurs ne sont habilités à communiquer. C'est ce qu'on appelle le secret de l'instruction. "Il faut laisser la justice travailler sereinement", assène l'avocat. Lui-même n'a eu accès au dossier que le 4 février, soit deux mois et demi après le drame, lorsque son client a été placé sous le statut de témoin assisté. Un statut intermédiaire entre le simple témoin et le mis en examen. Mais cela ne lui donne pas le droit de communiquer sur le fond du dossier.
"Tout le monde parle d'un dossier qu'il ne connait pas. L'emballement médiatique fait que des réactions extrêmement violentes circulent.", déplore-t-il. "C'est un dossier qui rend les gens fous alors qu'il est dramatique. Il ne faut pas oublier qu'il y a une jeune femme qui est morte dans des conditions terribles. Mon client ne cherche pas à convaincre qui que ce soit à part la justice. S'il décide de prendre la parole par mon intermédiaire, c'est parce qu'il y a un tel fossé entre ce qu'on lit dans les médias et la réalité des éléments qui aujourd'hui sont au dossier, qu'on ne peut pas laisser ça comme ça."
Le silence du procureur
Il évoque notamment des personnes qui n'ont pas pu avoir accès au dossier mais qui s'expriment dans les médias et sur les réseaux sociaux, entraînant un procès médiatique violent et précipité. "Le silence dont fait preuve le procureur fait que l'institution est décrédibilisée. (...) Je lui demande simplement de communiquer des éléments objectifs. Comme tout le monde, il voit ce qui circule dans les médias et sur les réseaux sociaux."
Contacté, le procureur de la République nous a indiqué que la juge d'instruction ne souhaitait pas qu'il y ait de communication sur cette affaire avant la fin du mois de février, et qu'il respecterait cette consigne.
Des analyses ADN, et après ?
Guillaume Demarcq s'étonne également de l'importance qu'ont pris les analyses ADN dans cette affaire. Ces analyses, très attendues par les médias comme par les personnes qui suivent cette affaire, sont censées révéler la présence ou non de l'ADN des chiens mis en cause. "Tout le monde se focalise là-dessus, mais elles ne sont pas là, et de toute façon, je ne suis pas convaincue qu'elles apporteront quoi que ce soit." Car d'après lui, elles ne pourront pas apporter d'éléments concrets au dossier. "Que l'on trouve l'ADN de Curtis sur elle, ça ne fait rien d'extraordinaire, c'est son chien. Que l'on trouve les ADN des chiens de chasse à courre, ça ne voudrait pas pour autant dire qu'ils sont à l'origine du décès."
En fait, la présence d'ADN n'affirme pas qu'il y a eu morsure du chien en question : il peut avoir été en contact avec le corps après la mort, en le renifant ou en le léchant par exemple.