Depuis la mi-mars, la ville de Guise coupe tout éclairage public la nuit du lundi au dimanche. Une mesure similaire est appliquée depuis quelques jours à Bohain-en-Vermandois. Une décision motivée par l'explosion de la facture énergétique.
À Guise, dans l'Aisne, les rues sont plongées dans le noir de 23h à 5h du matin en semaine et dès minuit les samedis et dimanches.
Le maire de cette ville de 4 500 habitants, Hugues Cochet (DVG), espère grâce à cette mesure pouvoir faire baisser de 40 % la note d'électricité de sa commune qui avoisine actuellement les 110 000 euros mensuels. L'édile confie ne pas avoir beaucoup d'autres moyens de maîtriser l'inflation énergétique. "Je préfère restreindre l'éclairage nocturne plutôt qu'augmenter la pression fiscale", explique-t-il.
Faire face à la croissance des coûts énergétiques
Au rythme actuel de l'augmentation des prix de l'énergie, l'élu redoute le doublement de la facture d'électricité en un an soit un passage de 350 000 à un montant de 700 000 € ! "Pour le chauffage, il nous est difficile de faire plus, nous avons déjà des programmateurs notamment dans les classes. Les salles de sport ne sont plus chauffées, seulement les vestiaires", avoue le maire.
Le constat est le même à Bohain-en-Vermandois, 5 600 habitants. Yann Rojo, le maire (DVG) de la ville, s'appuie sur les chiffres pour expliquer la nécessité des économies. "En janvier 2021, uniquement pour le gaz, la facture était d'un montant de 29 000 euros, détaille-t-il. En janvier 2022, la somme s'élève à 103 000 euros". Nécessité faisant loi, depuis quelques jours, l'éclairage public cesse aussi à 23h en semaine et à minuit le week-end pour reprendre à 5h le matin.
Yann Rojo se désole de la tournure prise par les évènements alors que la commune de Bohain-en-Vermandois avait investi pour changer en ampoules LED 800 points lumineux. La ville espérait de cette manière faire baisser d'un tiers sa consommation électrique. Une décision bienvenue mais qui ne suffira pas à endiguer la hausse des prix. Le premier magistrat de la ville s'est donc résolu avec ses adjoints à couper l'éclairage nocturne sur toute la ville : "techniquement, il était impossible de maintenir la lumières sur certains lieux précis".
La menace d'une baisse significative de l'investissement si les dépenses énergétiques s'envolent
La crainte des élus des deux communes du nord du département de l'Aisne concernent les conséquences de l'évolution des prix de l'énergie sur leur politique d'investissement. " Bohain-en-Vermandois dégage environ 800 000 euros d'excédent budgétaire, cette somme est investie dans des projets pour la ville. Si le dérapage du coût de l'énergie se poursuit, notre budget d'investissement sera réduit des deux tiers", calcule Yann Rojo. Et l'élu de rappeler que Bohain fait partie du programme gouvernemental Petites villes de demain et que sur 5 ans, les dépenses prévues pour redynamiser la commune ne pourront être tenues.
Rénovations d'écoles et de voierie pourraient bien se faire attendre si le budget de fonctionnement est grévé par des dépenses énergétiques hors de contrôle. Le maire de Guise souligne, lui, que, dans les communes les moins favorisées comme la sienne, la dépense publique représente 70 % de l'investissement global. Si rien est tenté pour amortir le surcoût de l'énergie, la nuit pourrait être encore plus longue pour les territoires les moins favorisés.