À une semaine du début des vendanges, les producteurs de champagne du sud de l'Aisne ont recruté des saisonniers et mis en place des protocoles sanitaires. La préfecture incite tous les travailleurs du secteur et les habitants du territoire à se faire dépister.
"Chaque vendangeur garde son panier du matin au soir, et le soir les paniers seront désinfectés. Chacun aura son petit sac à dos avec sa bouteille d'eau, son jus de fruit, sa collation pour la matinée... Tout sera très invidualisé", expliquer Olivier Belin, producteur à Essômes-sur-Marne, dans le sud de l'Aisne. À l'approche des vendanges, il a dû mettre en place un protocole pour protéger au mieux les 24 saisonniers qui vont travailler pour lui. Il en aura d'ailleurs plus que d'habitude, pour éviter la concentration de personnes. "Il faut donc prendre en compte un surcoût lié au virus, mais on n'a pas le choix, le principal pour nous c'est de rentrer la récolte coûte que coûte."
"On perd le caractère convivial"
"C'est nécessaire pour la sécurité de chacun", assure-t-il. Même s'il regrette l'ambiance des années passées qu'il ne pourra pas retrouver cette saison. "Chacun ira vider son propre panier, donc on va perdre cet esprit de solidarité où on aide les petits jeunes qui fatiguent, ce sera malheureusement chacun pour soi. (...) Nous offrons aussi le repas du midi, ce qui veut dire qu'il va falloir de la distanciation sociale à table, et là on perd tout le caractère convivial de nos vendanges. Ils seront au moins à un mettre de l'autre, donc il y aura moins de vendangeurs par table, et un service à table."Olivier Belin espère que ses employés saisonniers vont se faire dépister, même s'il ne peut pas les y obliger. En effet, le résultat du test est protégé par le secret médical : l'employeur n'a légalement pas le droit de demander à un salarié de lui fournir ces informations.
La préfecture incite au dépistage
Alors pour inciter les producteurs, les vendangeurs et les autres habitants du territoire à se faire dépister, la préfecture de l'Aisne a mis en place des centres de dépistages gratuits dans les communes voisines, à Trélou-sur-Marne et Charly-sur-Marne. Elle cible tout particulièrement le secteur des vendanges, qui est à l'origine de regroupements et de brassages de populations, les saisonniers venant souvent d'autres départements, voire de l'étranger. "Et ça nous permet aussi d'anticiper sur les risques pour une activité professionnelle sensible. Si on arrive à s'assurer qu'il n'y a pas de difficulté sanitaire pour les populations concernées, l'activité de vendanges peut se dérouler au mieux", explique Adbelmajid Tkoub, directeur de cabinet du préfet. "Si des cas se déclarent, il y a tout un process d'éviction des personnes concernées, ce qui peut fragiliser l'opération des vendanges."La période des vendanges est courte, et une baisse d'effectif ou une interruption des récoltes pourraient bien coûter cher aux producteurs. Olivier Belin estime déjà que le protocole sanitaire va engendrer un surcoût de 10% par rapport à d'habitude.