Depuis vendredi 10 novembre, un conducteur de TER est en grève de la faim à Tergnier dans l'Aisne. Il proteste contre la faiblesse du dédommagement financier engagé par la SNCF pour compenser le transfert de son service à 25 km de là, à Saint-Quentin.
Son dernier repas remonte à vendredi matin 4h, avant de prendre son service en gare de Tergnier dans l'Aisne : "un café et un pain au chocolat". Depuis, Hervé n'a rien mangé. Une fois sa semaine de travail terminée, il a garé sa voiture devant la gare de Tergnier et a commencé une grève de la faim. Il dort également dans son véhicule depuis maintenant 3 nuits. "Mais je mets ma voiture dans le parking des agents. C'est plus sécurisé.". Il est en arrêt maladie, "pour ne pas mettre la vie de mes voyageurs en danger".
Une indemnité sur le temps passé en voiture
Ce cheminot proteste contre la faible compensation financière allouée par la SNCF aux conducteurs de TER qui vont devoir aller travailler à Saint-Quentin à partir du 9 décembre. La raison de ce transfert est de "nous préparer à la concurrence", précise Hervé qui n'est pas contre ce déménagement : "la SNCF nous accorde une indemnité mais elle est calculée en fonction du temps passé en voiture et versée en une seule fois. Moi, je voudrais qu'elle soit en fonction du kilométrage parcouru chaque jour et payée chaque mois".
La compensation financière va de 3.400 euros pour la plus faible à 8.000 euros pour la plus élevée. "Aller à travailler à Saint-Quentin, ça va me coûter 270 euros par mois. Et ma voiture est vieille. Je ne sais pas combien de temps elle va tenir. Et je n'ai pas les moyens financiers d'en acheter une autre."
Et si son initiative est personnelle, Hervé s'inquiète pour certains de ses collègues : "certains n'ont pas de voiture parce qu'ils habitent à deux pas de la gare de Tergnier. D'autres viennent à vélo. Dans un mois, on part à Saint-Quentin et ils savent pas comment ils font faire pour aller travailler."
Un projet mené en concertation avec les représentants du personnel
Hervé a fait connaître par courrier les raisons de sa grève de la faim à sa direction mais aussi au président du Conseil Régional, Xavier Bertrand. Il sait qu'il court un risque : celui de perdre son habilitation c'est-à-dire son permis de conduire des trains. "Mais je persiste."
Contactée, la SNCF dit ne pas comprendre cette prise de position : "le projet de transfert est dans les tuyaux depuis un an et demi. Il a été mené en concertation avec les représentants du personnel. Un plan d'accompagnement a été mis en place. Cet agent est le seul à réagir comme ça".
En attendant, Hervé termine sa 4ème journée de grève de la faim. Il doit être reçu par les Ressources Humaines de la SNCF mercredi.