Consultation populaire sur l'éolien dans l'Aisne : un raz de marée de non, mais une participation en demi-teinte

La consultation populaire non officielle organisée dimanche 2 avril par 17 communes de l'Aisne sur l'implantation d'éoliennes dans leur secteur s'est soldée par un score de 87% de non. Un résultat net. Pour autant, la participation annoncée est plus nuancée.

87% de non à l'implantation d'éoliennes contre 13% de oui. C'est le résultat annoncé par les 17 communes de l'Aisne organisatrices de la consultation par les maires dans un périmètre géographique allant de Fismes aux confins de la Marne jusqu'au Tardenois. Le résultat semble donc sans appel atteignant des pointes allant jusqu'à 100% de non dans le village de Dhuizel par exemple.

Pour Patrick Fillioud, maire (divers) de Bruys, un des principaux organisateurs de cette initiative. "C'est assez clair. C'est un rejet profond". Un choix des électeurs qui n'étonne pas Véronique Stragier, maire (divers) de Coulonges-Cohan "Ils ont exprimé leur souhait qu'il n'y ait pas d'implantation. Cette orientation-là est bien marquée. C'est flagrant. La tendance générale, c'est le non, cela ne me surprend pas".

Non loin de là, à Mareuil-en-Dôle où une trentaine d'éoliennes pourraient être construites à quelques encablures du village, les votants se sont prononcés à 94% contre. Maire de la commune, Régine Domingues (divers) réagit : "Moi, je suis très satisfaite du résultat de mon village. C'est représentatif. Je discute beaucoup avec les gens. Cela ne surprend pas. Les gens n'étaient pas d'accord du tout. Cela me donne la pêche même pour d'autres sujets".

Participation contrastée

En revanche, la participation des habitants a cette consultation est plus contrastée. Au total, on enregistre 39,7% de votants selon les organisateurs sur les 3 064 électeurs inscrits.

Thierry Décauché, maire (divers) de Chéry-Chartreuve, où 39,6% des inscrits ont voté, ne cache pas une certaine déception. "On aurait voulu beaucoup plus de participation. On donne la parole aux citoyens, ils ne jouent pas le jeu. J'ai eu plusieurs personnes qui m'ont dit : [ndlr les éoliennes] ça ne me dérange pas, mais je n'irai pas voter. Ce sont les contre qui se sont exprimés. L'idée des élus, c'était que tous viennent s'exprimer. J'aurais aimé dépasser les 50%. Après, il faut être satisfait, c'est bien pour une première", estime l'élu.

De son côté Patrick Filioud, le maire de Bruys est plus optimiste : "C'est très très positif. On nous disait qu'on n'aurait pas 10% de votants, on en a plus de 40. On a 40% de gens qui se sont déplacés. Ce n'est pas extraordinaire, mais c'est une consultation non officielle et 3 communes ont connu des problèmes d'organisation. Plus la commune est importante, plus c'est compliqué de mobiliser. Chez nous, ce sont 96 % des gens qui se sont déplacés".

Un impact incertain

Les maires déposent aujourd'hui leurs résultats dans les sous-préfectures dont ils dépendent respectivement à Soissons et Château-Thierry. Certes leur consultation n'a aucune valeur officielle, mais ils espèrent qu'elle aura tout de même un effet. Régine Domingues, maire de Mareuil-en-Dôle estime que cela va aider son travail de maire pour s'opposer aux projets éoliens : "C'est quelque chose qui nous tient à cœur, de garder un village tranquille. Je sais que les habitants seront derrière moi. Ils seraient déçus de ne pas être entendus".

Un espoir partagé par sa collègue Véronique Stragier : "Je vais aller dans le sens du non. Je suivrai la volonté des habitants. J'espère que ce n'est pas un coup d'épée dans l'eau. J'espère que cela va apporter un poids. Ce n'est pas gagné. Au moins que l'opinion publique soit reconnue". 

Pour le maire de Chéry-Chartreuve, Thierry Décauché, ce vote pourrait peser moralement sur la décision d'implanter des éoliennes. "Je souhaite que cette consultation populaire accompagne les décideurs. Que ces personnes prennent les décisions en leur âme et conscience. Je ne pense pas que nous aurons zéro éolienne, mais on ne va peut-être pas encercler les villages comme prévu. Ils vont peut-être réfléchir à mieux les placer", veut croire le premier magistrat.

Une démarche démocratique

Patrick Fillioud voit lui un intérêt démocratique à cette démarche  "Quelles suites ? C'est très difficile de le mesurer. Parmi l'ensemble des critères, il y a des tas d'éléments, mais le préfet ne peut pas ne pas tenir compte d'und opposition très majoritaire dans un territoire". Pour l'élu, l'impact sera bien plus important que celui d'une enquête publique habituellement prévue. "L'enquête publique, c'est 200 à 300 personnes qui s'expriment. C'est très peu d'habitants des villages qui s'expriment, c'est institutionnel. Ce n'est pas un système de démocratie populaire, mais un dialogue avec des professionnels".

Les maires à l'origine de la consultation s'accordent en tout cas sur un effet positif de leur démarche. "J'ai trouvé intéressant que les maires se retrouvent pour échanger sur d'autres sujets. Nous sommes un peu cloisonnés dans nos secteurs. On espère se retrouver ensuite dans un autre cadre", se félicite Véronique Stragier. Pour Patrick Fillioud : "il y a eu des rencontres intéressantes. Cela a été une belle aventure. Cela créé des liens entre les maires de communes voisines qui se connaissaient peu. C'était joyeux et c'est la démonstration que des élus peuvent s'organiser pour faire vivre la démocratie locale", conclut l'élu.

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