Dans l'agglomération de Saint-Quentin des frigos en libre service contre le gaspillage alimentaire : "Une fois rempli, en une heure, il n'y a plus rien"

Un cinquième "frigo anti-gaspi" vient d'être installé à Gauchy, à côté de Saint-Quentin. Chacun peut y déposer des aliments et se servir. Lancée en 2019, l'expérience semble concluante. Une manière d'éviter la perte de denrées, mais aussi de pratiquer la solidarité.

"Il est installé depuis le 12 octobre. Nous le sortons aux horaires d'ouverture du CCAS, de 8h à 17h30". Depuis son bureau, Marie-Line Joly, responsable administratif du centre communal d'action sociale (CCAS) de la ville de Gauchy a une vue sur le nouveau "frigo anti-gaspi" implanté depuis peu dans sa commune. Ce petit réfrigérateur est installé dans un meuble en bois qui comporte une étagère. Chacun peut y déposer des denrées et aussi en prendre librement. 

"Nous avons eu l'occasion d'avoir des confitures, des pommes, un potimarron, des boîtes de conserve. C'est parti assez vite", détaille Marie-Line Joly au sujet de cet équipement qui n'a pas encore atteint son rythme de croisière. "En dehors des vacances scolaires, il y a beaucoup de passage avec la proximité d'une école et de l'épicerie sociale".

Un exemple d'économie circulaire

C'est le cinquième frigo du genre installé depuis 2019 dans l'agglomération de Saint-Quentin. Ils sont implantés dans différents quartiers de la ville. Jean-Marc Weber, le maire de Gauchy est également un des élus en charge de l'économie circulaire au sein de la communauté d'agglomération du saint-quentinois. "C'est ouvert à tous pour éviter le gaspillage. Les gens déposent des gâteaux, des pommes de terre, des carottes. Nous sommes vigilants au niveau de l'hygiène. On le nettoie, on regarde si ce n'est pas périmé, explique-t-il. On est toujours dans cette démarche de ne pas gaspiller. C'est tout à fait de l'économie circulaire".

À quelques kilomètres, au cœur du quartier Europe à Saint-Quentin, Anaïs Dhenry chargée de mission au sein de l'association Eco&logique, supervise depuis 3 ans le premier frigo installé. C'était en 2019, juste à côté du local de l'éco-conciergerie géré par l'association.

"Le frigo fonctionne très bien. Il y a énormément de passage et cela part très vite. Une fois rempli, en une heure, il n'y a plus rien. Ce matin, il reste des petites choses, mais c'est déjà parti, ça va vite", indique la responsable.

Un équipement qui, selon elle, a su trouver sa place. "Il y a beaucoup de gens qui donnent. Des personnes qui partent en week-end et ont des produits à date courte. Nous avons des pommes, des coings, des salades, des noix. On nous apporte des cagettes de pommes de terre, en particulier un jardinier de Lesdins qui donne son surplus".

Une cinquantaine de bénéficiaires

Ponctuellement l'association reçoit aussi quelques produits de la part d'associations d'entraide locales. "Mais nous n'approvisionnons pas le frigo régulièrement, ce n'est pas le but", explique Anaïs Dhenry.

Il est naturellement difficile de savoir qui bénéficie des produits. "Nous n'avons pas de visibilité sur la situation des personnes. Certains prennent énormément. On essaie de leur dire qu'il en faut pour tous. Je dirais qu'il y a une cinquantaine de bénéficiaires. Cela varie, ce ne sont jamais les mêmes. Cela peut être ponctuel", estime la chargée de mission.

Quant aux donateurs. "On voit des personnes qui ne sont jamais venues demander si elles peuvent déposer quelque chose. Dès que c'est rempli, on met un post sur Facebook", précise Anaïs Dhenry.

Des règles de fonctionnement

Bien sûr, le fonctionnement des réfrigérateurs possède des règles pour la sécurité de tous. "Les plats "maison" sont interdits. Il y a une charte à respecter", indique Anaïs Dhenry. Ainsi, les poissons, les coquillages, yaourts, crèmes ou œufs sont proscrits. De même que les produits déjà entamés ou dont la date limite est dépassée.

Ce projet est né dans le cadre d'un plan d'action de l'agglomération pour lutter contre le gaspillage alimentaire. "Dans le cadre de différents projets, on en a discuté avec l'agglo et on se disait que c'était bien de mettre un de ces frigos. C'est anti-gaspillage bien sûr, mais c'est aussi solidaire", indique la chargée de mission d'Eco&logique.

Pour Jean-Marc Weber, le bilan de ces équipements financés par la collectivité est positif. "Depuis deux bonnes années, cela fonctionne très très bien et on continuera", affirme l'élu.