Dans la Somme et l'Aisne, plusieurs communes se sont organisées pour effectuer des commandes groupées de fioul et faire des économies en temps de crise. Cette initiative rencontre un public de plus en plus important.
En temps de crise, la solidarité est de mise. Plusieurs communes de l'Aisne et de la Somme ont vu naître des initiatives de commandes groupées de fioul pour permettre de bénéficier de tarifs moins élevés face à la crise énergétique. Et cette démarche rencontre du succès.
"Ça nous apparaissait comme une évidence"
C'est le cas de Loïc Lalys et Guillaume Bourgeois, respectivement maires de Serches et d'Acy dans l'Aisne. Cette initiative coulait de source pour les deux édiles. "On a créé en mars 2020 avec la commune d'Acy une action solidaire pendant le Covid et le premier confinement, explique le maire de Serches. Comme le fait de faire des courses et chercher des médicaments pour les habitants, commander des distributions des baguettes de pain pour les habitants..."
Une fois le confinement terminé, les deux maires avaient une volonté "de continuer au-delà de cette période". Ils ont alors fondé l'association Entraide Acy-Serches. Au regard de la crise énergétique, la difficulté de s'approvisionner et les tarifs du fioul, les commandes groupées "nous apparaissaient comme une évidence, c'est une action qui a pris part sous forme associative".
Cette démarche a été accueillie de façon "très positive". Loïc Lalys s'est même dit "surpris" de l'engouement pour "une première communication". Lors de cette première commande groupée, c'est à peu près "30 000 litres de fioul qui ont été commandés", ce qui permet de faire "entre 16 et 17 centimes d'économie par litre".
Une fois qu’on avait le volume global, on a démarché fournisseur après fournisseur pour voir qui est le plus intéressant.
Loïc Lalys, maire de Serches
À Eppeville dans la Somme, la même initiative est née de la part du maire Christophe Vassent et de sa secrétaire. "On devait faire une commande de fioul au niveau de nos chaudières et on s'est dit, pourquoi ne pas faire baisser la note avec une commande groupée avec nos administrés".
Le succès a été similaire aux deux communes de l'Aisne : "on est juste en dessous des 30 000 litres de fioul", observe-t-il en ajoutant qu'il s'agit "d'un peu plus d'une vingtaine de personnes". Mieux encore, la communauté de communes de l'Est de la Somme a même demandé à participer.
Les municipalités comme intermédiaires
Loïc Lalys et Christophe Vassent sont formels : ces commandes groupées ne sont pas faites au niveau de la municipalité. En effet, si c'était le cas, leur démarche serait illégale selon le code général des collectivités territoriales. À Eppeville, les habitants ont dû remplir un formulaire "avec leur adresse et le nombre de litres qu'ils voulaient". La mairie a recueilli toutes les demandes pour les transmettre aux fournisseurs à travers un appel d'offres.
"Chaque personne règle seule au délégataire du fioul, on ne prend pas d'argent, ce sont les administrés qui paient directement, on fait juste les facilitateurs et on facilite la livraison", ajoute Christophe Vassent. "On aurait pu être dans une démarche où on prend une marge, mais ce n'est pas le cas. Nous sommes là en termes d'organisation", appuie Loïc Lalys. Dans sa commune et celle d'Acy, les habitants peuvent même payer en plusieurs fois.
Cette facilité de la livraison est aussi un argument avancé par le maire de Serches. "On est dans une logique de proximité par rapport au secteur de livraison. C'est une vision économique mais aussi écologique". Selon lui, cela évite à un fournisseur "d'aller à un point A, à un point B puis C, qui sont chacun éloignés. La charge en CO2 sera moins forte pour le véhicule de livraison vu que tout est groupé dans un secteur".
D'autres commandes groupées à l'avenir
Actuellement, les habitants d'Eppeville attendent la réponse à l'appel d'offres de la part de fournisseurs de fioul. Du côté de Serches et Acy, les habitants ont jusqu'au 20 décembre pour prendre leur commande. "Et si une autre commune comme Couvrelles ou Vasseny veulent se joindre à nous, ce serait intéressant".
Christophe Vassent regrette de ne pas pouvoir faire cette commande groupée "sur autre chose, comme l'électricité et le gaz, même on ne peut pas y jouer". Loïc Lalys souligne, quant à lui, qu'il ne s'interdit "pas du tout de réfléchir à d'autres propositions pour aller dans le sens des économies". Désormais, lui et Guillaume Bourgeois pensent à effectuer à des achats groupés au moment de la rentrée scolaire pour "tirer les prix vers le bas" et faciliter la vie des ménages.