Prix de l'énergie : 200 maires de l'Oise alertent Élisabeth Borne face au "risque de banqueroute des communes"

Alors qu'Élisabeth Borne a présenté mercredi 17 septembre son plan pour réduire la facture énergétique des ménages, 200 maires de l'Oise adressent une lettre ouverte à la Première ministre pour alerter le gouvernement du "tsunami financier" qui attend les communes en 2023. Ils réclament des mesures pour aider les collectivités.

Dans une lettre ouverte adressée à la Première ministre Élisabeth Borne mercredi 14 septembre, 200 maires de l'Oise alertent sur "le risque de banqueroute des communes" dû à l'augmentation du prix de l'énergie et à ses conséquences pour les Français. "Une compensation par l’État s’avère donc indispensable pour parer à cette situation d’une exceptionnelle gravité", écrivent-ils.

Ils demandent notamment la mise en place d'un bouclier tarifaire pour toutes les collectivités qui le souhaitent, l'augmentation de la dotation globale de fonctionnement et l'augmentation du plafond de l'accès régulé à l'électricité nucléaire historique. 

Le maire (DVD) de Laigneville, Christophe Dietrich, et le sénateur (LR) et conseiller régional, Édouard Courtial, sont à l'initiative de cette lettre. "J'ai été alerté fin juin par ma responsable financière qu'on avait dépensé, au 31 mai 2022, autant en facture d'électricité que pour toute l'année 2021", expose Christophe Dietrich. "C’était 93 000 euros de gaz en 2021, et compte tenu du tarif appliqué aux entreprises, il faudra s’attendre à 930 000 euros, dix fois plus en 2023", ajoute-t-il dans la lettre ouverte.

"Un tsunami financier

L'élu se félicite que "200 maires de tous bords politiques" aient co-signé ce courrier et espère faire des émules. Le but de cette lettre est "d'alerter, pas de partir en guerre" et "de dire aux départements et aux maires de se prendre en main", appuie-t-il. Il aimerait que tous les départements français lancent des initiatives similaires. "L'union fait la force. La multiplicité des initiatives ne pourra qu'obliger le gouvernement à entendre et prendre des décisions", estime Christophe Dietrich.

Quelles que soient les mesures qu'on va prendre, leur effet sera très marginal face au tsunami financier qui nous attend en 2023.

Christophe Dietrich, maire (DVD) de Laigneville

France 3 Picardie

Face à la hausse des prix de l'énergie, Laigneville va mettre en place plusieurs mesures : extinction des éclairages de la ville entre minuit et quatre heures du matin à partir du 26 septembre, baisse de la température des salles de sport (17°C au lieu de 19-20°C habituellement), diminution de la température dans les écoles, etc. "Quelles que soient les mesures qu'on va prendre, leur effet sera très marginal face au tsunami financier qui nous attend en 2023", déplore Christophe Dietrich. "Le gouvernement veut s'appuyer sur les communes pour faire face à la crise mais elles n'auront pas forcément les moyens de venir en aide aux gens", souligne-t-il.

Un bouclier tarifaire pour toutes les communes

Élisabeth Borne a présenté mercredi 17 septembre après-midi l'état de la situation énergétique en France et son plan pour atténuer les effets de la crise sur les ménages. Elle a notamment annoncé que la hausse des prix du gaz et de l'électricité sera limitée à 15% et appliquée respectivement en janvier et février 2023. La prolongation du bouclier tarifaire début 2023 sera valable pour "tous les ménages, les copropriétés, les logements sociaux, les petites entreprises et les plus petites communes", a-t-elle précisé. 

Depuis 2021, seules les petites collectivités, de moins de 10 employés et de 2 millions d'euros de recettes, sont éligibles aux tarifs réglementés de vente d'électricité et peuvent bénéficier du bouclier tarifaire qui limite la hausse de leur tarif à 4 % en moyenne. Dans leur lettre, les maires de l'Oise demandent à ce que ce bouclier tarifaire ne concerne pas seulement les plus petites communes mais "toutes les collectivités qui le souhaitent, indépendamment de leur taille". Si le maire de Laigneville ne croit pas à une hausse de la dotation, il espère que le bouclier tarifaire s'appliquera au moins aux "bâtiments stratégiques" que sont les écoles, le périscolaire, les centres de loisirs ou encore les gymnases. 

Des communes "en cessation de paiement" dès 2023

Le 29 août dernier, Jean-Pierre Bosino, le maire communiste de Montataire, dans l'Oise, a menacé "d'arrêter de payer" l'électricité de sa ville si rien n'était fait pour soulager les collectivités face à la hausse des prix. "De fait, des communes vont être en cessation de paiement dès l'année prochaine donc elles ne pourront pas payer", estime Christophe Dietrich. Si le maire de Laigneville dit s'inscrire dans une autre démarche que celle de Jean-Pierre Bosino, il reconnaît un acte "politique" qui a "eu le mérite d'attirer l'attention du gouvernement".  

Face aux "courriers qui restent lettre morte", aux "vagues promesses qui n'ont pas été tenues", et au "silence assourdissant", du gouvernement, Christophe Dietrich dit avoir "le sentiment que nos mairies brûlent et que le gouvernement regarde ailleurs". Pour lui, l'enjeu est donc d'alerter et d'inciter les maires de tous les départements à faire de même. Mardi 13 septembre, l'association des maires ruraux de France, a également publié un communiqué pour demander un bouclier pour les dépenses liées à l’énergie et la hausse des dotations.

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