Détruite il y a tout juste 5 ans par la tempête Egon, la rose de la cathédrale de Soissons est reconstruite

Dans la nuit du 12 au 13 janvier 2017, la tempête Egon avait soufflé la grande rose. L'édifice défiguré a été réparé grâce à un long chantier. Les travaux de reconstruction d'une nouvelle rose viennent de s'achever.

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C’était il y a 5 ans, mais à Soissons en particulier, on n’a pas oublié. Dans la nuit du 12 au 13 janvier 2017, la violente tempête hivernale baptisée Egon balayait la région. Fait rare, Météo France avait alors placé les trois départements picards en vigilance rouge. Les prévisionnistes ne s’étaient pas trompés. Des vents furent relevés à 130 Km/h dans la région, notamment sur le sud de l'Aisne. Si leurs effets n'ont pas atteint le niveau de la tempête de 1999, un des dégâts les plus symboliques fut la destruction de la grande rose de la cathédrale de Soissons.

Le 12 janvier vers 23h environ, la façade orientée face au vent dû en effet affronter les violentes rafales. La rose n' a pas résisté. Pierres et vitraux volèrent en éclat et tombèrent à l'intérieur de l'édifice endommageant également l'orgue. Au lever du jour, l’image du monument éventré choquait les badauds et la nouvelle faisait le tour de la France. "C'est une catastrophe, c'est une catastrophe patrimoniale, c'est une catastrophe à tout point de vue, malheureusement nous nous trouvons devant quelque chose qui n'était absolument pas prévisible, qui résulte d'un phénomène météo exceptionnel", réagissait alors Jean-Claude Druesne, Ingénieur du patrimoine à la DRAC.

La cathédrale éventrée

Impossible de laisser la cathédrale ainsi ouverte à tous vents. Ses responsables durent faire installer dans l'urgence un échafaudage afin de fermer et de protéger l’édifice. Ce n'était pourtant que la première étape d'une reconstruction qui allait durer cinq ans et nécessiter deux années d'études et 50 réunions de chantier.

L'opération débutait par un important travail d’inventaire des dégâts pour distinguer les éléments qui étaient récupérables ou pas. "Nous avions un tiers des vitraux qui avait été propulsé dans les orgues qui se trouvent juste en dessous, beaucoup d'éléments disparates, cassés, d'autres vitraux démantelés en partie mais qu'e nous avons par la suite réussi à mettre ensemble, à retrouver les éléments qui allaient les uns avec les autres, il y a eu toute une étape de reconstitution", se souvient Elodie Lemaitre, une des vitraillistes chargées de ce travail.

Une rose déjà fragilisée

Pour compléter ce diagnostic, en 2018, les restes de la rose furent remontés au sol dans le but d'être mieux étudiés. Ce travail permis de constater qu'avec le temps sa forme n’était plus vraiment ronde et que les contraintes de forces ne s'exerçaient plus uniformément. La structure était en réalité déjà fragilisée avant la tempête. "C'est une rose assez ancienne et, dans l'évolution des roses, il y a eu beaucoup d'améliorations qui se sont faites pendant trois quatre siècles et celle-ci présentait quelques faiblesses, notamment un oculus, un œil central, trop grand qui avait été très sollicité et qui avait été fragilisé à cause de ça", raconte Olivier Weets, Architecte en chef des Monuments historiques.

Une conclusion s'imposait alors pour les spécialistes : il fallait reconstruire la rose à neuf. "Si nous avions restitué une forme déformée, déjà nous n'aurions pas répondu au besoin technique de l'ouvrage, mais nous nous intéressons aussi au symbolisme qu'elle porte, donc il est important que nous ayons compris ce qu'elle symbolisait pour conduire ensuite une opération qui soit cohérente d'un point de vue technique, historique et même si symbolique pour la vie de la cathédrale." précise Camille Brêtas, architecte en charge du projet de reconstruction.

Reconstruire à neuf

En 2019, 12,6 tonnes de pierres neuves furent donc extraites de la carrière de la Croix Huyart à Bonneuil-en-Valois dans l'Oise dans le but de recréer la rose de 9 m de diamètre. Il fallu ensuite douze tailleurs de pierre pour sculpter et recréer les différents éléments du "remplage" encadrant les vitraux. Sur le pourtour de la rose, certaines sculptures durent même être totalement réinventées.

Un chantier rendu parfois complexe pour les entreprises par la volonté de recourir à des techniques oubliées comme le coulage de joints en plomb pour sceller les pierres. Cela fut réalisé dans l'optique notamment de conserver ces savoir-faire très particuliers.

Dans le même temps, la recréation des 174 panneaux de vitraux mobilisait quatre ateliers spécialisés. Environ 90 % des vitraux d'origine de Jean Gaudin datant de 1931 ont finalement pu être réutilisés, mais il a fallu aussi recréer certains éléments et les adapter aux dimensions de la nouvelle rose.

En avril dernier, l'ultime "claveau", élément de pierre de la rose, était installé permettant de lancer la repose des vitraux en septembre 2021. L'opération s'est achevée juste avant Noël dernier, permettant d'appréhender l’apparence de la nouvelle rose et de retrouver toute la splendeur du jeu de couleurs. 

Les vitraux sont désormais protégés par une verrière de doublage, c'est à dire un verre thermoformé qui la recouvre entièrement de l’extérieur. Cette technique inédite pour ce type de structure devrait permettre d'éviter sa dégradation et aussi de la protéger d'une nouvelle tempête.

Au total, ce chantier qui aura permis de redonner son apparence à la cathédrale aura coûté 2,6 millions d'euros, financés à 100 % par l'État. Désormais, il reste encore à restaurer l'orgue endommagé par la tempête selon un calendrier qui n'est pas encore arrêté.

Lundi après-midi à Soissons, un événement inaugural, en petit comité pour cause de Covid, doit réunir les acteurs de la reconstruction de la rose pour marquer son achèvement. Le public, lui, va devoir encore attendre le démontage complet des panneaux de chantier et de l'échafaudage pour découvrir le résultat.

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