Bienvenue à l'école d'antan. Le lieu est innocent et pourtant, de 1914 à 1918, des drames se sont joués dans des classes comme celles-ci. En effet, elles étaient réquisitionnées pour accueillir des conseils de guerre. "La justice militaire n'est pas la justice", disait Clémenceau. En plus d'une occasion, le droit des accusés a été bafoué.
A l'été 1914, les Allemands semblent irrésistibles. Les armées françaises reculent, et la loi avec elles ! Civils, et militaires sont passés par les armes, au cours d'exécutions sommaires. Quand il y a procès, l'instruction est bâclée, la comparution immédiate. Il n'y a plus de circonstances atténuantes, ni de sursis et l'appel est interdit. C'est le règne des conseils de guerre spéciaux
Source archives :
- BDIC Fonds Valois
- BNF Gallica
- Pathé Gaumont
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©France 3
D'abord muets, les politiques poussent les militaires à revenir à plus de mesure et les droits des prévenus sont rétablis par une loi d'avril 1916. Les peines de prison et de travaux forcés sont souvent suspendues, en attendant la fin du conflit. Pas question que le condamné échappe au front. Un avocat ironise sur ces verdicts jamais exécutés.
En 1917, nouvelle poussée de fièvre : c'est le temps des mutineries. Philippe Pétain pose en général soucieux du bien-être des soldats, mais il milite pour une répression féroce : il faut faire des exemples. Le droit est à nouveau restreint et même si cela ne dure que quelques semaines, les verdicts sont une loterie. Dans les tribunaux, des officiers se montrent cléments, d'autres implacables. Ainsi, ce colonel présidant les débats qui tonne "au lieu de discuter, j'aurais pris mon revolver, et je lui aurait brûlé la gueule..."
26 hommes sont exécutés, d'autres voient leur peine commuée. Le dernier de ces prisonniers sera libéré en 1933.