La nécropole d’Oeuilly est un lieu aujourd’hui tranquille. Difficile d’imaginer le chaos qui régnait ici, il y a cent ans. L’armée a aménagé ce cimetière en 1917, à proximité d’un de ses postes de secours et plus d’un millier d’hommes y repose. Il témoigne d’une tragédie. L’offensive du chemin des Dames.
Quand les Allemands se retirent le 2 novembre, les Français atteignent les objectifs qui leur avaient été fixés le 16 avril. Le général Nivelle s’était donné deux jours pour atteindre Laon. Une chimère. Mais cinq mois et demi plus tard, le doute taraude certains officiers : usés par l’offensive française, les Allemands semblent en pleine déconfiture.
« Une simple poussée décollerait l’ennemi et le conduirait peut-être jusqu’à Laon », se dit le général des Vallières, alors que le général Marjoulet renonce. Ses troupes sont à bout de souffle.
Le front n’a pas été rompu, comme espéré, mais il faut restaurer le moral du pays : la propagande s’y emploie et célèbre la victoire de l’Aisne. Philippe Pétain, promu chef des armées après la disgrâce de Nivelle, honore les troupes qui ont bien mérité de la patrie. Fourragère pour le drapeau et médailles pour les héros.
Le Petit Parisien salue «l’infanterie à la vigueur irrésistible, l’artillerie à la puissance redoutable, et ce commandement qui déjoue tous les plans de l’ennemi.»
100 ans après, les historiens s’interrogent encore sur le bilan de cette bataille : 163 000 hommes perdus côté allemand et 230 000 côté français. Tels sont les chiffres avancés. Une photo prise après l'assaut symbolise le prix payé par tous ces soldats. C’est une main posée sur le sol, arrachée par la mitraille.
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