"J'avais besoin d'un vrai métier" : de l'audiovisuel à agent funéraire, il change de travail à 25 ans pour s'épanouir

À 25 ans, Antoine Lion a réalisé un changement radical. Celui de devenir agent funéraire après plusieurs années dans l'audiovisuel. Comme de nombreux jeunes, il a décidé de tout plaquer pour s'épanouir dans une voie totalement différente. Pour lui, plusieurs éléments ont déclenché son envie d'arriver dans un domaine qu'il connaît depuis tout petit.

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"Avant, je travaillais dans l’audiovisuel. J’étais monteur vidéo. Lors de ma licence, j'ai été pris en alternance dans un grand service public français où j’ai fait presque quatre ans de contrat en CDI. Et aujourd’hui, je prépare des cercueils." C'est ainsi qu'Antoine Lion pose le contexte de son changement radical de vie.

Plusieurs éléments ont poussé le jeune Axonais de 25 ans à franchir le cap. Lors de la crise du Covid, il est resté un an et demi en télétravail, dans son "petit appartement" d'étudiant. "Je me levais, je passais toute la journée dans mon salon. Et le soir, je restais dans mon salon. Un an et demi sans déconnexion réelle de mon travail." Cette période a déclenché une première envie de changement.

"J’avais besoin d’un vrai métier."

Antoine Lion, 25 ans - apprenti agent funéraire

Un jeune sur deux 

Aujourd'hui, cette quête de sens se retrouve en France chez plus d’un jeune sur deux. "Je n’étais pas tellement heureux de mes journées. J’avais l’impression qu’au final, si je ne travaillais pas toute la journée, ça ne changeait pas grand-chose. J’avais besoin d’un vrai métier."

Un drame familial l'a déterminé à transformer sa vie. Cet événement "m’a fait me dire "ok. C’est ça que tu veux faire, Antoine. Et t'as pas 20 ans à attendre avant de choisir ce que tu veux faire". Ça m’a fait comprendre que c’était maintenant et que je n’avais pas envie de regretter plus tard".

Un retour dans le domaine familial

C'est ainsi qu'il a quitté son CDI et sa "carrière toute tracée" où il gagnait "bien sa vie". Il a alors dû à nouveau gravir les échelons d'un nouveau domaine, celui des pompes funèbres. "J’ai commencé en tant que vacataire, en tant que porteur lors des cérémonies. Ce n’est pas un salaire fixe. C’est un métier à la demande. Mais pas mal de personnes m’ont accompagné dans mon projet. Et par mon réseau, je savais que je n’aurais pas forcément pas de mal à trouver une entreprise qui voudrait bien m’accueillir ici, sur Château-Thierry.

En effet, son père est dans le métier depuis plus de 20 ans. Et ses grands-parents ont également évolué dans cette sphère. Jean-Michel Lion a été surpris par le choix de son fils. "Au début, je n’ai pas voulu l’entendre parce que son métier précédent me paraissait très confortable et répondait à ce qu’il avait suivi comme parcours scolaires, que je trouvais aussi très valorisant pour lui. C’était aussi ce qu’il avait voulu faire au départ, travailler dans le son et l’image. Donc au début, je me suis dit "mais qu’est-ce qui lui prend ?"

Le jeune homme explique que c'est un métier qui l'a toujours fasciné. Il dit avoir vécu le métier de son père, "depuis tout petit". Ce dernier l'emmenait parfois à l'école en corbillard, avant de se rendre au travail. "Si on n’a pas un parent qui est dans ce corps de métier, au moment où tu choisis tes études à 18 ans, c’est compliqué de se dire qu’on veut travailler dans le funéraire. C’est tout bête, mais quand j’étais au collège et au lycée, jamais on m’a dit le funéraire existe".

"On est vraiment dans l’humain, dans le service aux familles"

Jean-Michel Lion - Père d'Antoine et également dans le monde funéraire

 

"Le funéraire a quand même l’image d’un métier à part, pas très bien perçu même si les choses ont changé dans le milieu. Aujourd’hui, on est vraiment dans l’humain, dans le service aux familles qui est devenu primordial", raconte Jean-Michel.

L'aspect humain est le point central qui plaît à Antoine. "Aujourd'hui, un maître de cérémonies, on lui demande d'être vrai. Certains choisiront de dire vous, d'autres nous pour inclure toutes les personnes [...] Le plus important, ça reste de bien traduire les demandes de la famille, les demandes du défunt s'il en a eues. Quand j'arrive le matin, que la famille arrive pour se recueillir auprès du défunt, j'aime bien aller auprès d’eux, discuter [...] C'est à travers ces discussions, peut-être qu’ils ne vont pas l'appeler par son prénom mais plutôt par un surnom. C'est quelque chose que j'aime transposer dans mes cérémonies pour encore une fois le personnaliser le plus possible.

Des cérémonies à la marbrerie, le funéraire demande une polyvalence

Les obsèques exigent de longues heures de préparation, et parfois pour laisser place à une partie d'improvisation. "Il faut savoir se retourner en quelques secondes. Aujourd'hui, je prépare une cérémonie ici avec des demandes de la famille. Peut-être que demain quand ils vont arriver, ils vont me dire en fait on ne veut pas du tout ça."

S'il fait un tout autre métier, il se sert de son expérience dans l'audiovisuel. "Il y a plein de choses de mon ancien poste qui m’ont beaucoup aidé. La prise de parole en public. Quand on fait une cérémonie face à 300 personnes, on n’a pas le droit de laisser transparaître du stress."

Antoine souhaite maîtriser tous les aspects du funéraire. C'est pourquoi, il s'est lancé dans une alternance de technicien marbrier. "La marbrerie, c’est un peu les hommes de l’ombre, la partie cachée du métier. J'estime que c’est une part très importante du monde funéraire. Il y a les cérémonies, mais là, c'est vraiment l’endroit où les familles vont venir sur le long terme pour se recueillir. Le funéraire, ça demande une certaine polyvalence. Il faut savoir toucher à tout. Il y a des problèmes de recrutement. Et au-delà de ça, ce qui est important, c’est de savoir de quoi on parle."

"Ma plus belle récompense que je peux avoir dans ce métier, c’est le merci de chaque famille"

Antoine Lion, 25 ans - agent funéraire

Désormais, Antoine se sent "bien plus épanoui" que dans son ancienne vie. "J’avais besoin de sortir, j’avais besoin de me salir les mains, de faire quelque chose de mes journées. Je suis d’autant plus heureux quand je rentre chez moi d’une journée comme ça que d’une journée passée derrière un bureau à répondre à des mails, c’est le jour et la nuit. J’ai l’impression d’avoir aidé quelqu’un. Ma plus belle récompense que je peux avoir dans ce métier, c’est le merci de chaque famille à la fin de chaque journée." Le résultat d'un lien humain qu'il recherchait pour s'accomplir dans le travail.

Avec Lucie Caillieret / FTV

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