Dans l'Aisne, le débat s'anime autour du doublement de la RN2 entre Laon et Avesnes-sur-Helpe

La vaste opération de consultation du public lancée par l'Etat concernant le futur aménagement de la route nationale 2 entre Laon et Avesnes-sur-Helpe fait naitre le débat sur un projet qui semblait consensuel.

Rouler sur une RN 2 intégralement à 2x2 voies, cela semblait être le rêve partagé par tous les Thiérachiens depuis des décennies. L'attente n'est pas visiblement pas si unanime. À la faveur de la consultation publique lancée par l'Etat autour de ce projet, des tags sont venus recouvrir méthodiquement ces derniers jours les panneaux positionnés au bord de l'axe pour promouvoir le débat. Ils appellent à penser "au climat" dans le cadre de ce projet d'aménagement de la RN2 lancé sur les 70 km reliant Laon à Avesnes-sur-Helpe dans le cadre du Pacte-Sambre-Avesnois-Thiérache.

Un débat auquel il est possible de participer, notamment à l'occasion de réunions publiques ou en ligne via le site rn2.fr

Le contournement des villages

Pourtant c'est certain, beaucoup attendent l'amélioration de cet axe irriguant l'Aisne quasiment du nord au sud et se dirigeant ensuite vers Maubeuge en traversant la Thiérache. À commencer par les villes et villages actuellement traversés par de nombreux véhicules et Poids-lourds. Froidmont-Cohartille, situé entre Laon et Marle, est l'un d'eux. "Cela fait des années que les gens attendent. J'approuve à 100 % pour la vie de nos villages", explique François Nuytten, le maire (divers) du village qui espère voir la RN2 contourner sa commune à l'occasion de son aménagement. "Ce projet, c'est une bouffée d'air économique et sociale", estime le maire. Il y a toujours des extrêmes, mais dans toutes les réunions, les gens sont pour. Il faut penser à la vie des usagers et de ceux qui habitent au bord de la RN 2 La question est de savoir comment".

Même son de cloche à La Capelle, ville-rue traversée par la nationale 2. Son maire, Johann Wery (divers), est lui aussi favorable au contournement de sa commune. L'élu met en avant la perte d'habitants de la Thiérache, la paupérisation de ce territoire. Ce projet ? "C'est un atout je pense pour maintenir notre tissu économique, notre population", estime le  premier magistrat qui veut croire que l'axe modernisé pourrait drainer de nouveaux flux qu'il faudra s'efforcer de capter pour un "effet positif global" pour le secteur. 

Une déferlante de camions

Une vision que ne partage pas Brigitte Fournié-Turquin, unique élue écologiste au Conseil départemental de l'Aisne. Elle s'interroge sur la pertinence du projet. "Il a été voulu il y a des décennies. Il est difficile de juger de sa valeur intrinsèque au regard du devenir du monde. Nous sommes à la charnière. Chacun se dit : quelle voiture je vais acheter demain ? C'est un changement des mobilités".

Si l'élue EELV se dit favorable a des aménagements comme le contournement des communes pour améliorer la sécurité, elle ne souhaite pas aller au delà. "Si c'est pour la sécurité d'accord, mais si c'est pour voir une déferlante de camions dans un tuyau, est ce que cela va développer le territoire", s'interroge-t-elle. On vous dit que ça va faire gagner 10 minutes. Il faut améliorer, mais de là à faire une autoroute, il faut changer notre façon de voir. La richesse de l'Aisne, c'est son patrimoine naturel", poursuit l'écologiste.

Une autre voix tente de se faire entendre ces jours derniers à l'occasion des réunions publiques, celle des agriculteurs riverains du tracé. Ces derniers s'inquiètent des pertes de terre qu'ils pourraient subir à l'occasion des travaux. "Il y aura des compensations à faire, nous souhaitons qu'elles soient faites sur des zones qui ont déjà servi pour cela sans utiliser des terres agricoles supplémentaires", demande Charlotte Vassant, Présidente de l'Union des syndicats agricoles de l'Aisne.

La représentante relaie aussi l'inquiétude des exploitants qui utilisent actuellement la rn2 pour circuler. "C'est un sujet préoccupant pour nos agriculteurs. Nous ne pouvons pas circuler sur une 4 voies, il faut des itinéraires de délestage", explique Charlotte Vassant qui redoute que cet aspect ne soit pas suffisamment pris en compte dans le projet. "Nous voulons absolument être consultés, mais pas dans des réunions publiques, il faut des réunions de travail". 

La majorité silencieuse

Dominant ces voix discordantes, le Président du Conseil départemental de l'Aisne, Nicolas Fricoteaux, élu lui même du canton thiérachien de Vervins, défend le projet  et répond aux oppositions en évoquant "la grande majorité silencieuse" des thiérachiens. "La grande majorité des habitants pour moi y est favorable", estime l'élu qui répond aux critiques écologistes. Avant de faire croire que doubler la RN2 va amener de la pollution, il faut voir que les véhicules vont changer d'énergie dans les années à venir. Comment voulez-vous faire pour irriguer ce territoire avec le train. La transition écologique n'exclue pas le transport individuel" . 

Le Président du département plaide pour des niveaux d'aménagements routiers qui pourraient être différents selon les secteurs et se veut rassurant pour les agriculteurs. "Que les agriculteurs soient inquiets pour leur production, c'est normal, il faut les prendre en compte et limiter l'impact au maximum et compenser quand ce sera possible"

Dans ce dossier qui s'anime plus que jamais, un point semble au moins faire l'unanimité. Celui de croire en la volonté de l'Etat d'aboutir et de financer réellement les travaux estimés entre 350 millions et un milliard d'euros. Dans le meilleur des cas, leur réalisation demandera encore de nombreuses années. La concertation publique se poursuit jusqu'au 25 mars

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