Ses origines sont floues, mais il semble que le street golf, ou golf urbain, ait fait son apparition en Écosse dans la deuxième moitié du XVIIIᵉ siècle. Encore confidentiel en France, ce sport fait de plus en plus d'émules. Découverte de cette discipline avec les nouveaux champions du monde.
La scène est devenue habituelle pour les Laonnois qui vont à la ville haute : quatre hommes, club de golf à la main, envoient valser une petite balle dans n'importe quelle direction pour l'œil du non-initié. Au pied des remparts de Laon, Alexis sait pourtant exactement où il doit tirer. L'objectif à atteindre : une poubelle publique en métal. "La poubelle, c'est assez traditionnel du street golf, explique Vivien, un autre joueur. Il faut toucher la cible. Et si j'arrive à mettre la balle à l'intérieur, j'ai un bonus -1 sur ma carte de score."
Des cibles dans l'environnement urbain
Bienvenue à une séance d'entraînement de golf urbain, également appelé street golf, avec des maîtres en la matière : le club des Médiéballes de Laon. Ici, pas de green, ni de voiturette. Mais tous simplement des joueurs à la recherche de cibles à viser. "Ça peut être n'importe quoi, mais on essaie de rester dans la thématique urbaine. Nous, on a une thématique médiévale, donc on va jouer avec du mobilier urbain, mais aussi des pierres, des socles de statues, des choses qui restent dans notre thématique", détaille Vivien, fondateur du club les Médiéballes.
Au moins une fois par semaine, les quatre amis sillonnent les remparts de Laon pour des parties endiablées qui peuvent durer de nombreuses heures. "Ah zut la gouttière ! Il faudrait retirer toutes les gouttières de cette rue", râle Vivien en riant. Les balles sont tirées en pleine rue. Parfois même à quelques centimètres des voitures. Mais ces joueurs aguerris l’assurent : les risques de casse sont limités. "Nos balles sont spécialement conçues pour être tirées dans la rue, nous montre Thomas, le président du club. Elles font treize grammes, soit un tiers de moins qu'une balle de golf normale. Elles sont vraiment conçues pour qu'elles ne laissent aucun impact sur les voitures, les vitres ou même les gens."
Une autre technicité que le golf classique
Des balles plus légères, des clubs rayés par le bitume, souvent récupérés d’occasion. Mais une discipline qui demande tout autant de sérieux et de technicité que le golf traditionnel. Pour preuve, le trou que Ludovic essaie de jouer à la porte d'Ardon : "On part du haut d'un rempart et on doit aller toucher une plaque d'égout qui est en contrebas, explique-t-il. Ce n'est pas évident. C'est le trou le plus dur de Laon."
"Les deux formes de golf sont techniques, compare Alexis. Sur de courtes distances, c'est le golf urbain qui est un peu plus simple, mais c'est beaucoup plus technique parce qu'avec les pavés ou les cailloux, notre balle peut prendre une trajectoire qui est complètement différente que sur un parcours de golf classique où ça n'est que de l'herbe."
Alexis sait de quoi il parle, lui qui est passé du golf classique au golf urbain. Une pratique qu’il juge beaucoup plus accessible avec une licence à 25 € et le pouvoir de jouer n’importe où et à tout moment. "On s'approprie notre espace public. On est dans nos rues et on peut faire des activités alternatives, convient Vivien. Un peu comme le street art où les gens vont peindre sur des façades ou sur du mobilier urbain. Ce n'est pas conventionnel. C'est street. C'est sympa !"
Champions du monde
Des joueurs qui ont réussi à grimper sur le toit du monde. D’abord champions de France et d’Europe, ils ont décroché le titre de champions du monde le 21 septembre dernier en Slovaquie.
"En 2019, quand on a créé l'association, on n'imaginait pas atteindre ce niveau, avoue Thomas. Aujourd'hui, on y est. Et c'est vraiment la cerise sur le gâteau."
Mais après avoir joué aux quatre coins du pays et du continent, leur terrain de jeu favori reste bien la montagne couronnée, Laon. "On a la chance d'avoir une magnifique ville médiévale avec énormément de monuments, explique Ludovic. On arrive à attirer du monde. Et on prend toujours du plaisir à sillonner notre ville."
En cinq années de jeu dans les remparts, les quatre champions font aujourd’hui partie du quotidien des Laonnois. Dans leur QG situé dans un bar fréquenté du centre-ville, face à leurs trophées, ils gardent des étoiles plein les yeux. Une consécration ultime pour ces quatre passionnés devenus des amis au fil des parties. Des copains tous guidés par un objectif : celui de s’amuser avant tout.
Édité par Jennifer Alberts / FTV