30 ans et 10 mois après la découverte de son corps le long d'une autoroute près de Blois, la petite martyre de l'A10 a enfin un nom et une histoire. Son père a été interpellé à Puteaux et sa mère à Villers-Cotterêts dans l'Aisne. C'est lorsque le couple y vivait qu'Inass, 4 ans, est morte.
Mardi, des enquêteurs de la gendarmerie de l'Aisne ont procédé à des perquisitions au domicile d'une habitante de Villers-Cotterêts. Agée de 64 ans , elle a été interpellée dans le cadre de l'affaire dite de "la petite martyre de l'A10" : le 11 août 1987, le corps emmailloté d'une petite fille est retrouvée le long de l'A10 près de Blois. L'enfant porte des traces de morsures humaines et de brûlures. Elle ne sera identifiée que 31 ans plus tard et ses parents, qui ont vécu plus de 20 ans à Villers-Cotterêts, mis en examen.
Le prélevement ADN a été fait par la gendarmerie de l'Aisne
Le prélèvement ADN qui a permis l'identification d'Inass a été fait sur l'un de ses frères : en 2016, il est impliqué dans une affaire dont la nature n'a pas été précisée.
Inass ne serait pas morte dans l'Aisne
Le corps d'Inass est découvert le long de l'A10 le 11 août 1987. Cette même année, ses parents et ses frères et soeurs déménagent de Puteaux, en région parisienne, à Villers-Cotterêts. Mais selon le procureur de la République de Blois, la petite fille serait morte soit en région parisienne soit dans le Loir-et-Cher. Lors de sa garde à vue, le père a déclaré avoir découvert sa fille morte en rentrant chez lui. Il a également avoué avoir déposé le corps de l'enfant le long de l'A10 à la faveur d'un trajet pour rejoindre le Maroc pour les vacances. Il était parti en voiture avec les 2 soeurs, l'un des frères d'Inass et le cadavre emmailloté de la fillette.
Ce ne serait qu'après les faits que la famille se serait installée dans l'Aisne.
Les parents étaient des commerçants connus à Villers-Cotterêts
Arrivé dans l'Aisne en 1987, le couple a d'abord ouvert une épicerie, puis une boucherie à Villers-Cotterêts. Des commerces repris par ses enfants lorsqu'il divorce en 2010. Les enseignes ferment en 2016 alors que l'ouverture d'une boulangerie est en projet.C'est dans l'un de ces magasins qu'une altercation a lieu fin 2016, impliquant l'un des frères d'Inass. C'est le prélèvement ADN alors effectué qui va permettre la résolution de l'affaire.
Des gens discrets et effacés
Halima vivait encore avec certains de ses enfants à Villers-Cotterêts lorsque les gendarmes de la section de recherche de Blois sont venus l'interpeller mardi matin vers 8h30. Le père, Ahmed, était retourné vivre à Puteaux après leur divorce. Les voisins décrivent le couple comme des gens discrets et effacés. Certains se souviennent des enfants scolarisés dans l'école du quartier.
Un climat de violences
lors de leur garde à vue, les parents d'Inass ont rejeté la responsabilité de la mort de la petite fille sur l'autre. Le père a déclaré que sa femme était violente avec lui et ses 3 filles. "Il dit avoir vécu un enfer, rapporte le procureur de Blois. Il vivait sous sa domination. Un jour d'août 1987, il a découvert en rentrant chez lui le corps d'Inass inanimé".
De son côté, la mère a avoué n'avoir aucun souvenir de ce qui s'était passé. Elle a également raconté avoir été victime de violences de la part de son mari. Elle a toutefois reconnu qu'elle avait effectivement pu être violente à l'égard d'Inass mais a nié toute implication dans son décès. Elle a même refusé d'admettre que la fillette était morte.
Tous deux ont été mis en examen pour meurtre sur mineur de 15 ans, recel de cadavre et violences volontaires habituelles sur mineur de 15 ans. Ils ont été écroués.
Les frères et soeurs entendus
De la fratrie, seule la soeur aînée, âgée aujourd'hui de 40 ans, a été entendue comme témoin par les enquêteurs. Si elle a dit ne se souvenir de rien, elle a fondu en larmes à l'évocation de sa petite soeur disparue.Les autres soeur et frères devraient bientôt être entendus.