Le réseau de résidences pour séniors Domitys propose à des étudiants un appartement gratuit, en échange d'un accompagnement bénévoles des résidents. A Saint-Quentin dans l'Aisne, Tony Laguilliez, 18 ans, s'est lancé dans l'aventure.
Quand on est étudiant, pas facile de payer un loyer, surtout en pleine crise sanitaire, à l'heure où les petits boulots se font rares. Originaire de Bohain-en-Vermaindois et inscrit en BTS de gestion des PME à Saint-Quentin, Tony Laguilliez a trouvé la solution.
La résidence pour séniors lui fournit un hébergement gratuit, à condition qu'il passe 59 h par mois avec les résidents. Un échange de bons procédés qui l'a séduit tout de suite : "J'ai vu l'annonce sur les réseaux sociaux. J'ai envoyé une lettre de motivation et un projet dans lequel je proposais un salon littéraire, un temps d'échange hebdomadaire autour de la lecture, raconte-t-il. J'ai eu un entretien et ils m'ont accepté !"
Rompre l'isolement
Car pour la directrice de la résidence, Céline Francelle, il était important que le jeune choisi ait véritablement envie de s'investir. "On l'a choisi lui parce qu'il avait un vrai projet, avec des actions précises qu'il voulait mettre en place, c'était vraiment très construit, c'était pas juste pour être logé, il avait déjà tout en tête", se souvient-elle.
Depuis la mi-mars, Tony vit donc dans un appartement de la résidence, avec sa chambre, sa cuisine, sa salle de bains et son séjour, en autonomie totale. Et partage un peu de son temps quotidien avec les 49 résidents, autour d'activités manuelles ou culturelles. Autonomes et indépendants, ils n'ont pas besoin d'assistance médicale particulière, mais plutôt d'une compagnie qui sort de l'ordinaire. "Les séniors sont ravis, le soir quand notre animatrice est partie, il fait le relais, c'est propice à un accompagnement individuel, explique la directrice. Il peut aussi les aider quand ils ont un problème avec leur tablette ou encore faire des jeux de société avec eux. L'objectif est de les sortir de leur isolement. Ils discutent aussi, il y a souvent de grands débats, ils parlent de leur jeunesse et de celle de Tony."
Comme un petit-fils
Bien sûr, les activités se font en petits groupes et avec le masque, et les repas se prennent à distance raisonnable, mais les gestes barrières n'ont pas empêché de créer rapidement des liens d'amitié. "Il n'y a pas eu de faux-semblants, même au début, les choses se sont passées naturellement, se réjouit le jeune homme. Aujourd'hui, ça ne fait que trois semaines, mais ils m'appellent déjà pour venir jouer avec eux, passer du temps ensemble. Ils ont envie de m'apprendre plein de choses, ils me parlent de leur éducation, de leur vie pendant la guerre, ce genre de choses."
La moyenne d'âge des résidents est de 83 ans. "Le feeling passe parfaitement. Ils m'identifient un peu comme leur petit-fils. Avec moi, ils sont zen, ils osent se confier et font preuve de lâcher-prise", confie l'étudiant. Des échanges plus que bienvenus, après une grande partie de la journée passée devant un ordinateur pour suivre les cours en visio. Les étudiants et les séniors sont parmi les plus touchés par l'isolement depuis le début de la crise sanitaire, alors, elle est peut-être là, la solution : dans la solidarité intergénérationnelle.