Le groupe Clarins abandonne Saint-Quentin et annonce implanter sa nouvelle usine à Troyes

La perspective était redoutée à Saint-Quentin depuis quelque temps. Elle est devenue réalité. Mercredi 8 février, le groupe de cosmétiques Clarins a annoncé officiellement qu'il renonçait au projet prévu dans l'Aisne, préférant implanter sa nouvelle usine à Sainte-Savines à côté de Troyes.

Depuis la mi-janvier, la menace planait à Saint-Quentin. Le groupe Clarins avait commencé à évoquer l'hypothèse d'abandonner son projet d'implantation dans la capitale de Haute Picardie pour finalement installer sa nouvelle usine à Troyes. Si la porte picarde n'était pas officiellement refermée, ce revirement avait commencé à semer le trouble localement. Cette fois, plus d'ambiguïté. Clarins vient d'annoncer mercredi 8 février dans un communiqué de presse son choix de Sainte-Savine et du parc du Grand Troyes, dans l'Aube pour créer sa nouvelle unité de production.  

Selon les termes du groupe, "ce projet majeur d’implantation sur un terrain de 13,5 hectares représentera à terme un investissement global de l’ordre de 135 millions d’euros". Le chiffre de 50 emplois est avancé dans un premier temps avec une perspective de 300 à terme. Pour l'entreprise, il s'agit de créer "un second site afin de sécuriser davantage la production et de doter Clarins des capacités nécessaires au développement de son offre en matière de produits cosmétiques".

Début des travaux rapidement

Ce projet d'envergure échappe donc à Saint-Quentin. Un véritable revirement pour l'agglomération du Saint-Quentinois qui avait œuvré pour favoriser l'arrivée de Clarins.

En septembre 2021, le groupe lui-même avait annoncé son intention de s'implanter dans la ville. À l'appui de sa décision, il se montrait élogieux pour le bassin d'emploi. "La localité de Saint-Quentin a été choisie suite à un processus de sélection rigoureux. Pour Clarins, elle répond à plusieurs critères et notamment un bassin d’emploi local, la proximité de son site logistique d’Amiens et la présence d’un tissu industriel de sous-traitants dans le domaine de la cosmétique et de centres de formation dédiés aux métiers de la cosmétique". Un tel projet réjouissait les élus qui y voyaient une occasion de renforcer une sorte de "Cosmetic Valley" picarde autour d'autres entreprises du domaine déjà implantées localement, comme Loréal. 

Officiellement, l'agglomération conservait jusqu'ici l'espoir de voir le dossier se réaliser sur son territoire. Pourtant, force est de constater aujourd'hui que Clarins était dans les starting-blocks pour s'implanter à Troyes puisqu'il annonce d'ores et déjà que "le démarrage des travaux devrait intervenir d'ici la fin du mois de février 2023, pour une mise en production prévue à l’automne 2024".

Que s'est-il passé pour que Saint-Quentin se fasse ainsi souffler le dossier ? Selon nos confrères de France 3 Grand Est, citant le maire (SE) de Sainte-Savine, Arnaud Magloire "Ce qui a pu faire la différence, ce sont les qualités du territoire - même si je pense évidemment que Saint-Quentin en a aussi - et les forces des acteurs présents sur le territoire. On a aussi une belle dynamique industrielle ici, avec toutes les entreprises déjà implantées", réagit l'élu sans donner plus de détails.

"C'est forcément pour des raisons d'argent"

Pour le moment, pas de réaction officielle du côté de la maire (L.R) et présidente de l'agglomération du Saint-Quentinois, Frédérique Macarez.

Pour Sébastien Anette, président du groupe d'opposition Rassemblement National au conseil municipal et à l'agglomération, la décision n'est pas vraiment une surprise. "Je m'y attendais complètement à partir du moment où les choses avaient été mises en doute. C'est extrêmement décevant pour notre territoire, à plus forte raison dans un territoire connu pour la présence d'industries cosmétiques. L'implantation de Clarins aurait été vraiment intéressante".

L'élu s'interroge sur "l'attractivité du territoire et sa capacité à attirer de grandes entreprises. S'ils préfèrent Troyes, c'est que c'est plus intéressant d'aller là-bas. C'est forcément pour des raisons d'argent. Il faut être attractifs, mais aussi compétitifs", estime-t-il. 

Pour Olivier Tournay, conseiller municipal et d'agglomération PCF, ce n'est pas une surprise non plus. "La semaine dernière, j'ai interrogé le maire Frédérique Macarez sur le sujet. Elle a été évasive". L'élu dénonce un jeu d'enchères qui se joue entre les collectivités. "300 emplois pour un bassin comme Saint-Quentin, c'est beaucoup. C'est encore et toujours la mise en concurrence des territoires. Saint-Quentin a déjà subi il y a 15 ans la perte du dossier Fleury-Michon parti à Cambrai. Ce qui m'inquiète, c'est ce que l'agglomération de Troyes a proposé. Clarins, ce n'est pas une entreprise dans le besoin. J'ai la conviction que c'est toujours l'effet d'aubaine qui anime ces groupes-là. C'est un jeu sans fin", regrette Olivier Tournay.

Pour autant, si la perte du dossier Clarins constitue un revers, le tableau n'est pas totalement noir pour l'agglomération de Saint-Quentin. Elle peut croire encore à l'implantation d'autres entreprises sur son territoire, comme celle de "Cité Marine" annoncée il y a un an. À condition que le scénario ne se renouvelle pas.

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