Annoncé en grande pompe en 2021, le projet d’implantation d’une nouvelle usine du groupe de cosmétiques Clarins à Saint-Quentin semble finalement compromis. Un revirement de situation qui interroge.
Le projet d'usine Clarins à Saint-Quentin, aurait-il du plomb dans l'aile ? Alors que ce chantier à 100 millions d'euros semblait bien destiné à la cité picarde, la multinationale spécialisée dans les produits cosmétiques se montre dorénavant plus frileuse. Sur la parcelle de 10 hectares en bordure de Saint-Quentin, devant accueillir la nouvelle usine, les travaux n’ont pas beaucoup avancé depuis un an et demi…
"Nous étions 123 sites en concurrence en France, donc je dois dire que lorsqu’on a été appelé pour nous dire que Saint-Quentin était retenue après des longs mois et des réunions, on a eu beaucoup d’émotions avec les élus, car c’est très important pour le territoire", confie Frédérique Macarez, la présidente de l’agglomération du Saint-Quentinois.
L’agglomération picarde répondait alors "à plusieurs critères et notamment un bassin d’emploi local, la proximité de son site logistique d’Amiens et la présence d’un tissu industriel de sous-traitants dans le domaine de la cosmétique et de centres de formation dédiés aux métiers de la cosmétique", selon les dires du groupe Clarins dans un communiqué de 2021.
Un possible projet à Troyes
Contacté par téléphone, le groupe affirme étudier en parallèle une autre possibilité à Troyes dans l’Aube. Un coup dur pour la majorité saint-quentinoise qui se contente de rappeler que toutes les autorisations ont été données de son côté.
Un possible revirement qui n’étonne pas certains élus d’oppositions. Luc Templier, conseiller municipal d’opposition (RN) et chef d’entreprise, pointe le manque d’attractivité de la commune : "Un chef d’entreprise qui doit s’installer, il va porter son choix sur des tout petits détails. Saint-Quentin était dans la production, la ville créait des richesses. Maintenant, on ne crée pas de richesse, on fait du tertiaire. Et donc les entreprises s’en vont et celles qui doivent venir, elles ne viennent pas", affirme-t-il.
Mauvaise nouvelle pour la "cosmetic valley"
Si le projet est finalement abandonné, c’est aussi tout le secteur de la cosmétique local qui devra revoir ses perspectives. À l’image de l’IUT de l’Aisne, proposant des formations universitaires en quête de débouchés. "On forme des étudiants dans le domaine qui les intéresse, celui du génie chimique, génie des procédés. On pourrait travailler avec eux à travers des stages, des contrats d’alternance comme on le fait avec d’autres entreprises locales", propose Christophe Marie, directeur du département Génie chimique à l’IUT de l’Aisne.
Alors simple tentative de surenchère ou réel revirement de situation ? L’entreprise annonce qu’elle fera son choix prochainement en se gardant bien de fixer une date. La mise en production de l’usine était prévue en 2023.