Appelés "villages dortoirs", les lotissements ont fleuri dans les années 70. Un idéal de vie pour la classe moyenne de l'époque qui pouvait accéder à la propriété, non loin de la ville. aujourd'hui, ils sont un des seuls moyens pour certains ménages de posséder sa propre maison.
Le village de Neuville-Saint-Amand, en périphérie immédiate de Saint-Quentin, s'est transformé au début des années années 80. Le chemin rural qui borde le village devient la rue du Tour de ville. Un agriculteur vend plusieurs parcelles destinées aux particuliers. Des jeunes couples avec enfants achètent alors leur terrain, pour y construire leur maison, et leur vie de famille.
En quinze ans, la commune a gagné près de 200 habitants. Parmi eux, Bernard et Lina Debraye. En 1982, le couple quitte son logement HLM de Saint-Quentin et achète un des lots.
"C'était un terrain à bâtir de 1000 mètres carrés. Au début, moi, ça m’avait fait peur parce que je suis plus une fille de la ville confie Lina et mon mari étant de la campagne, m’a dit 'oh, ce n’est pas 1000 m2 qui va nous faire peur".
Bernard a ainsi pu construire une maison adaptée à son handicap.
Calme
A quelques mètres de là, l'ancienne institutrice du village s'est installée avec son mari il y a 40 ans. Au fil des ans, elle a vu sa commune changer à travers la vie de l'école. Dans ses premières années d'exercice, la classe unique ne comptait que 9 élèves. "Quand ces maisons-là se sont construites plus un lotissement dans un autre quartier de Neuville, là, l’effectif a augmenté et j’étais arivée à 28 ou 29 élèves se souvient Marie-Thérèse Convert, toujours en classe unique, c'est-à-dire de 4 ans jusqu’à l’entrée en 6e. C’était en 85, c’est à ce moment-là qu’on a pu rouvrir une deuxième classe. On a eu la chance que l’école ne soit pas fermée. L’école était en danger c’est sûr".
Convivialité
Cécile Delval, elle, est arrivée il y a trois ans. S'installer dans le quartier lui a permis de se rapprocher de la ville et de son travail. Gain de temps, convivialité, cette mère de famille ne voit dans ce changement de vie que des avantages. Elle peut même accompagner ses enfants à l'école à pied et faire un brin de causette aux autres parents "On se fait la bise, c’est devenu convivial, ce qu’on n’a pas forcément en ville. Souvent en ville, c’est limite du drive avec les enfants. Il n’y a pas la place pour stationner. Tandis qu’ici tout le monde descend. On se parle. C’est convivial et ça on ne l’a qu’à la campagne".
Ce choix de vie pourrait bien passer de mode
En France, depuis dix ans le lotissement est en perte de vitesse. Les lois tendent à protéger les surfaces agricoles, les terrains à bâtir se font plus rares et plus petits. Mais les Hauts-de-France font partie des quelques régions où la part de l'aménagement individuel est encore en expansion.
Là où le revenu moyen est parmi les plus bas de France, le lotissement reste un des seuls moyens pour certains ménages, de posséder sa propre maison.