En 2004, Patrick Dupond avait posé ses valises dans l'Aisne. L'ancien danseur étoile est intervenu en tant que professeur dans l'école de danse à Soissons de sa compagne Leila Da Rocha. Soissons où il a vécu jusqu'en 2017.
La danse française perd une étoile. Le danseur et chorégraphe Patrick Dupond est décédé ce vendredi 5 mars 2021 à 61 ans.
"Patrick Dupond s'est envolé ce matin pour danser avec les étoiles", a affirmé sa collaboratrice Leïla Da Rocha, à l'AFP. "Il est décédé à la suite d'une maladie foudroyante", a-t-elle dit, précisant qu'il était "malade depuis quelques mois".
Sacré étoile de l'Opéra à 21 ans, il travaille avec les plus grands chorégraphes, Maurice Béjart et Roland Petit. Il quittera "la maison" après un licenciement économique en 1997.
DISPARITION. Le danseur étoile Patrick Dupond est mort à l’âge de 61 ans. 1976, le voici en répétition après avoir reçu le Grand Prix de Varna à 17 ans. Pour la première fois, il se confie sur ses projets et son désir de danser à l'Opéra de Paris. pic.twitter.com/C5zbEocBAY
— Ina.fr (@Inafr_officiel) March 5, 2021
En 2000, il est victime d'un grave accident de la route. Ses médecins lui annonceront qu'il ne pourra plus danser. Il connaît une période de dépression et d'alcoolisme dont il finit par sortir. Il reprend alors l'entraînement : "Je me suis toujours visualisé en train de redanser, de revenir sur scène et de raconter une nouvelle histoire au public, toujours. Ça m’a aidé énormément parce que quand on fait une rééducation, il y a des jours où il y a des hauts et des jours où il y a des bas. Et les jours où j’étais vraiment très bas, que je n’avais pas le moral, que mon corps ne répondait pas comme je voulais, je pensais à l’éventualité de ce spectacle. Ça me tenait en fait".
Renaissance à Soissons
En 2004, alors qu'il songeait partir vivre au Japon, il reçoit un coup de téléphone qui va changer sa vie. À l'autre bout du fil, Leïla Da Rocha, directrice d'une école de danse à Soissons et basketteuse internationale retraitée après une blessure au genou. "Elle a su trouver les mots, j'ai accepté un rendez-vous. L'entrevue devait durer trente minutes. À 3h du matin, nous n'arrivions pas à nous quitter", expliquait-il dans les colonnes de Paris Match. "On était en fusion. Du même avis sur les mêmes choses. On était d'accord sur les mêmes propos, sur les mêmes idées, sur l'idée qu'on se fait de la danse", confiait-il à France 3 Picardie en 2010.
Venu donner un stage de quelques jours dans la compagnie de Leïla, Patrick pose finalement ses valises dans la Cité du Vase, où il intervient en tant que professeur dans l'école de danse de celle avec qui il partage désormais sa vie. Pour lui, la Picardie n'est pas un exil. Sa complicité avec Leïla dépasse la danse qui les a rapprochés. Il a retrouvé dans l'Aisne, l'oxygène qu'il cherchait pour mieux repartir. "J’ai trouvé une ville d’accueil à Soissons et à Saint-Quentin puisque Leila et moi avons une résidence à Saint-Quentin, une résidence artistique. Donc je suis comblé au-delà de toutes mes espérances".
2017, départ pour Bordeaux
À 51 ans, malgré l'âge et les épreuves, l'ancien danseur étoile retrouve la scène dès 2001 dans une comédie musicale "L'air de Paris", mais c'est véritablement "Fusion" qui, au côté de sa compagne, signe son grand retour.
"Depuis 40 ans, j’ai appris à dominer la douleur. J'ai appris à passer par-dessus. Je crois que tous les deux, on est un bon exemple d’abnégation devant la douleur. Il faut savoir surmonter ses petites douleurs pour pouvoir ensuite danser au top".
Deux univers, deux personnalités pour former un couple de danseurs. Leïla apporte sa fougue et son exubérance orientale, lui canalise. Il offre sa sérénité, son expérience.
Après avoir "visité plusieurs villes en France" et reçu plusieurs propositions, le couple quitte Soissons et ouvre une nouvelle école de danse à Bordeaux en 2017. "Bordeaux correspond mieux à nos envies et notre projet" précisait-il alors. L'école est destinée à préparer des jeunes danseurs à devenir professionnels et intégrer des compagnies de ballet du monde entier.