L'ensemble du personnel paramédical des urgences de Soissons (Aisne) est en grève ces 18 et 19 juin, tout en assurant la continuité des soins. Le personnel réclame une reconnaissance spécifique du travail aux urgences, ainsi que davantage de moyens pour répondre aux besoins criant de leur service.

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Elles arborent les brassards de grévistes mais n'ont pas quitté leurs postes ni leurs blouses. Assignées par l'hôpital de Soissons, ces infirmières et aides-soignantes en grève se confient sur leur mal être quotidien. "Là, on peut avoir jusqu'à 5, 6, voire 7 brancards, puis 3 à 5 autres qui attendent dans la zone devant les médecins," déplore Cécile en pointant le couloir où stagnent déjà plusieurs patients en attente de soins. "Oh, on a pas grand monde aujourd'hui," ajoute-t-elle.

Cette grève, qui rejoint le 18 juin le mouvement national inter-urgences, est reconduite le lendemain.
 

Une fréquentation en hausse, des moyens qui stagnent

Les urgences de Soissons ont gagné 60 % de fréquentation en quinze ans, tout en conservant les mêmes moyens. Comme un peu partout en France, on y observe des délais de prise en charge plus long même pour les plus vulnérables. "J'étais de service hier, donc de 7 à 19 heures. Nous avons eu 125 passages, dont seize âgés de 80 ans à 100 ansLa moyenne d'attente de ces gens est de 10 heures sur un brancard", signale Christelle, infirmière elle-aussi.

L'exasperation de patients ou de leur familles place les urgentistes en première ligne. En 2017, un médecin agressé a la jambe fracturée. En février 2019, une équipe de six personnes est molestée. "On a beau les calmer, on se voit insulter de « bonnes à rien », on nous dit qu'on ne fait pas notre travail correctement, confie Isabelle, aide soignante. C'est l'attente qui joue là-dessus : on est aux urgences et pour ces gens il faut que ça aille vite. Ils ne comprennent pas que les urgences, ça n'est pas forcement ça."
 

Dans certains services, un nombre de lits divisés par deux

Il manquerait à Soissons cinq médecins urgentistes et trois infirmiers. Ici, le mouvement est soutenu par une intersyndicale. Celle-ci pointe le rôle la suppression de nombreux lits dans l'hôpital. "Plusieurs services de médecine, et notamment le service de chirurgie, sont passés de 24 ou 30 lits à 15 aujourd'hui, remarque Virginie Devillers, secrétaire CGT hospitaliers de Soissons. Forcément, on ne peut plus éponger tous les patients des urgences qui ont besoin d'être hospitalisés."

Les grévistes réclament la spécificité de leur statut d'urgentiste ainsi que la reconnaissance de la pénibilité de leur mission. À Soissons, deux médecins urgentistes viennent de remettre leur démission.
 

Notre reportage à Soissons (Aisne)



 
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