Une pirogue datant du 8e siècle a été extraite d'une sablière de Presles-et-Boves dans l'Aisne. Découverte il y a 10 ans par les archéologues de l'INRAP, ce vestige du Haut Moyen Âge avait dû être replongé dans l'eau pour éviter sa destruction le temps que les crédits nécessaires à sa conservation soit débloqués.
Tout en la nettoyant, les spécialistes de la conservation, venus de Grenoble, veillent à ce que la pirogue conserve en permanence son humidité. "Ce qui maintient la forme du bois, c'est la présence d'eau donc quand on enlève l'eau on déforme le bois, il va donc s'affaisser, s'effondrer, on va perdre de l'épaisseur, il va se tordre, se vriller donc on n'aura plus la possibilité de comprendre que c'est une pirogue. On va perdre complètement l'objet", explique Floriane Helias, conservatrice du patrimoine au laboratoire ARC-Nucléart.
L'embarcation date du 8e siècle, elle a passé plus d'un millénaire dans l'eau. Découverte en 2012, elle a dû être noyée pendant 10 années supplémentaires à Presles-et-Boves dans l'Aisne. "On ne pouvait pas encore envisager sa restauration, donc pour permettre de la conserver, on a considéré qu'il était plus intéressant de la réimmerger directement", détaille Claire Pichard, ingénieur à la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) des Hauts-de-France.
Découverte dans la vallée de l'Oise
Archéologue à l'Inrap, Guy Flucher retrouve ainsi avec émotion la pirogue qu'il avait mise au jour dans un chantier de fouilles préventives à Brissay-Choigny dans la vallée de l'Oise. "On était en train de fouiller une pêcherie médiévale, une installation assez complexe pour faire de la pêche à grande échelle, donc fatalement le fait qu'il y ait une embarcation disponible pour que les pêcheurs puissent travailler sur la pêcherie était tout à fait logique", indique-t-il.
Creusée dans le tronc d'un chêne, cette pirogue attise la curiosité des spécialistes. "Il y a par exemple ces perforations dont on n'a pas l'explication de leur fonction", montre Guy Flucher.
Baignée dans un bain de résine puis séchée par lyophilisation dans un laboratoire de Grenoble, la pirogue de Brissay-Choigny pourrait ensuite revenir dans l'Aisne pour y être exposée.