Après le Brexit, les Néerlandais pourraient-ils emboîter le pas des Britanniques ?

Le Brexit a provoqué une onde de choc jusqu'aux Pays-Bas, l'un des membres fondateurs de l'aventure européenne, mais malgré une montée des eurosceptiques, un référendum sur une éventuelle sortie du pays n'est pas pour le moment à l'ordre du jour.

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"C'est à notre tour maintenant", a claironné le député d'extrême droite néerlandais Geert Wilders peu après les résultats du référendum sur la sortie de l'Union européenne du Royaume-Uni. Avec la réunion du parlement néerlandais cette semaine sur le Brexit, les conséquences de cette décision vont occuper une place centrale dans la vie politique des Pays-Bas où seront organisées des élections en mars prochain. Dès vendredi, Geert Wilders du Parti pour la liberté (PVV) s'est engagé à organiser, s'il devenait Premier ministre, un référendum sur un "Nexit", une sortie néerlandaise de l'UE.

Depuis l'année dernière, les sondages ont invariablement montré un soutien au PVV dont la popularité croit face à la crise des réfugiés. Bien qu'il ait reculé ces derniers mois, les derniers sondages de mai montrent que le parti de Geert Wilders remporterait le plus grand nombre de sièges au parlement sans toutefois réunir de majorité. La manière dont ce petit pays de 17 millions d'habitants va appréhender la question d'un maintien dans l'UE risque de dépendre largement de la façon dont les Britanniques vont négocier leur sortie. "Nous devrions réinventer la démocratie", a expliqué M. Wilders, affirmant que les Néerlandais avaient le droit de voter sur cette question. "Une réelle démocratie ne peut exister sans Etat-nation. Les gens ne se sentent pas connectés avec la commission européenne ou avec un groupe d'hommes qu'ils ne connaissent pas ... et pour lesquels ils n'ont pas voté".

"Aucun autre parti n'apparaît prêt à travailler avec M. Wilders"

Mais à l'heure actuelle, il serait très difficile d'organiser un référendum étant donné le manque de soutien suffisant au Parlement. Alors que son pays assure actuellement la présidence tournante de l'UE, le Premier ministre Mark Rutte, a affirmé vendredi qu'il n'y avait pas un grand intérêt chez ses compatriotes pour mener un tel référendum. Pour Boudewijn van Eenennaam, du The Hague Institute for Global Justice, un centre d'études néerlandais, "les chances semblent très minces" qu'un tel référendum se tienne aux Pays-Bas car "pour le moment aucun autre parti n'apparaît prêt à travailler avec M. Wilders". Les Néerlandais sont fondamentalement pro-Europe et "j'ai la ferme conviction que l'on est loin d'avoir une majorité pour un référendum, et certainement pas pour quitter l'Union européenne", affirme-t-il.

Cet ancien diplomate souligne que contrairement à la Grande-Bretagne, "qui est une île ce qui rend relativement facile un départ de l'Europe", les Pays-Bas sont ancrés sur le continent. Et font, eux, partie de la zone euro et de l'espace Schengen. Les Hollandais ont pourtant par deux fois voté contre davantage d'Europe. En 2005, ils avaient rejeté à 61% le projet de Constitution européenne. Et en avril de cette année, il ont voté contre un accord d'association qui visait à renforcer le dialogue politique et les échanges commerciaux entre l'UE et l'Ukraine.

Un accord à la carte ?

Pour Peter Van Ham, membre du groupe de réflexion Clingendael à La Haye, l'opinion néerlandaise sera sensible au traitement que les dirigeants européens vont réserver au Royaume-Uni, "un pays qui les a sauvés de deux guerres". "S'ils obtiennent un bon accord, comme celui des Suisses, un accès au marché, un accord à la carte, cela montrera que si vous sortez ... vous ne devenez pas nécessairement comme la Corée du Nord", a-t-il expliqué.

La stratégie de certains à Bruxelles qui pensent "qu'en mettant la pression sur le Royaume-Uni on dissipera le spectre de l'euroscepticisme" pourrait ne pas marcher, estime-t-il. Un sondage paru samedi dans le quotidien conservateur "De Telegraaf" sous le titre "Peur du Nexit" a montré que les Néerlandais redoutaient, pour l'heure, de se séparer de l'Europe. Les gens interrogés ont estimé qu'un Nexit "serait mauvais pour leur porte-monnaie" et que les Pays-Bas auraient moins de rayonnement sur la scène internationale. Sur 1 000 Néerlandais interrogés, 51% ont estimé que si un référendum était organisé aujourd'hui, ils voteraient contre, 34% voteraient pour et quelque 13% seraient indécis.
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