100 000 pieds de tomates dans une serre de 200 mètres de long, le projet de culture intensive lancée par deux frères belges a démarré sa production à Arques dans le Pas-de-Calais. Objectif : conquérir 10% du marché des Hauts-de-France.
Une immense serre, longue de 200 mètres et presque aussi large, abrite plus de 100 000 pieds de tomates à Arques. L'objectif est d'y produire 60 000 tonnes de tomates grappes entre mars et novembre : 10% de ce que consomme la région.
Deux frères belges sont à l'origine de ce projet gigantesque et de la serre dernier cri dont l'installation a coûté 15 millions d'euros.
"En Belgique, on a plein de serres : des tomates, des concombres, des poivrons, tout ce que tu veux, "expose Kévin Vandevelde, l'un des deux créateurs. "Et juste de l’autre côté de la frontière, il n'y en avait pas. Les gens pensent qu’il doit faire chaud pour cultiver des tomates. Ce n’est pas le cas. Il faut de la chaleur mais pas trop".
Production hors-sol
Ces tomates ne poussent pas en pleine terre, mais en hauteur ; les pieds se trouvent dans de la laine de roche et sont alimentés par des sondes. "On donne l’eau au goutte-à-goutte, elle est avec des nutriments pour faire grandir les plantes", détaille le producteur.
48 emplois créés
Tout est ensuite généré informatiquement. Grâce à une petite centrale électrique, la serre est chauffée une partie de l'année avec la chaleur récupérée. Un énorme bassin récupère l'eau de pluie.
Pour produire autant, il fallait embaucher : 48 équivalents temps plein. Une aubaine dans la région française la plus touchée par le chômage.
Mélanie Davion, jeune salariée en CDI des "Serres des Hauts-de-France" confirme : "J'avais fini ma saison d’endives et ça faisait 10 ans que je faisais des CDD, toujours à la même saison. Je voulais un CDI, j’ai sauté sur l’occasion."
Une production entièrement automatisée
Grâce à des automates, les fruits sont conduits vers leurs emballages avant d'être commercialisés dans les super et hypermarchés de la région. Estampillées "Hauts-de-France", et vendues au prix du marché, les tomates devront désormais faire leurs preuves dans l'assiette du consommateur.
L'argument "pleine terre" pour résister au géant belge
A une quinzaine de km de là, à Lederzeele, Bastien Danneels, producteur local, ne s'inquiéte pas outre mesure.
Ses tomates ne seront pas mûres avant deux semaines et ne seront disponibles que pendant deux mois, mais elles poussent en pleine terre et ça fait toute la différence, selon lui : "Ici elles auront vraiment le goût du terroir", argumente-t-il. "Suivant le la façon dont elles vont pousser, elles vont prendre plus ou moins de nutriments, plus ou moins d’éléments dans le sol alors qu'à Arques, c’est standard. Qu'elles aient poussé là ou dans le Finistère ou en Espagne, c’est exactement la même culture".
La bataille du goût
Au marché de gros de Lille, on sait que désormais, l'image de la tomate de région va changer.
"Ce qu’il ne faut pas, c’est que le client soit déçu", énonce Benoît Delporte, spécialiste légumes au M.I.N. de Lomme. "Aujourd’hui, l'expérience qu'a le consommateur des tomates du Nord, c’est une tomate pleine terre. La première fois qu’il achètera une tomate comme celle-là il ne faut pas qu’il s’attende à avoir une tomate pleine terre, tout simplement."
De pleine de terre ou hors sol, avec des prix allant du simple au triple, reste désormais à voir quel choix fera le consommateur, tout en achetant des tomates estampillées "Hauts-de-France".