Des mandats d'arrêt ont été émis contre deux hommes dans le cadre de l'enquête sur les attentats du 13-Novembre à Paris. L'un d'eux, Osama Krayem, est également impliqué dans les attentats de Bruxelles
Ils étaient arrivés en Europe en se mêlant au flot des réfugiés et l'un d'eux, Osama Krayem, est l'un des traits d'union entre les cellules qui ont frappé Paris et Bruxelles: les juges français ont délivré deux nouveaux mandats d'arrêt dans l'enquête sur les attentats du 13 novembre 2015.
Douze personnes visées par la justice
Avec ces deux mandats d'arrêt, délivrés le 21 novembre dernier, douze protagonistes font désormais l'objet de poursuites dans l'enquête française sur les attentats les plus meurtriers de l'histoire du pays (130 morts), revendiqués par l'organisation Etat islamique (EI), soit pour leur rôle direct comme Salah Abdeslam, soit comme membres de la cellule, soit pour une aide plus lointaine.
Né en Suède de parents réfugiés syriens, Osama Krayem, 28 ans, avait été arrêté le 8 avril à Bruxelles, le même jour que Mohamed Abrini, lui aussi poursuivi pour les attentats dans les capitales française et belge. Il est depuis détenu en Belgique.
Krayem est soupçonné d'avoir acheté les sacs utilisés pour les attaques contre l'aéroport et le métro de Bruxelles. Il avait été filmé par la vidéosurveillance en compagnie du kamikaze de la station Maelbeek, Khalid El Bakraoui, quelques minutes avant l'explosion.
Je me suis rendu à Max Roos pour prendre le sac à dos rempli d'explosif pour commettre les attentats dans le métro de Bruxelles
D'après son premier récit aux enquêteurs, il avait renoncé à se faire exploser et s'était débarrassé de l'explosif dans des toilettes. "Je me suis rendu à Max Roos (une planque située dans la commune bruxelloise de Schaerbeek, ndlr) une fois pour prendre le sac à dos rempli d'explosif pour commettre les attentats dans le métro de Bruxelles", avait-il détaillé aux enquêteurs belges, le 25 avril.
Son ADN a été retrouvé dans des caches en Belgique ayant hébergé les membres des commandos de Paris et de Bruxelles. La planque de la rue Bergé, à Schaerbeek, a servi d'atelier pour fabriquer les explosifs et de lieu de repli pendant la cavale de Salah Abdeslam.
Des faux passeports syriens
Pourtant, Osama Krayem "conteste formellement une quelconque participation dans les attentats de Paris (...) il n'a jamais mis les pieds à Paris ou en France", a déclaré à l'AFP son avocate en Belgique, Me Gisèle Stuyck.
Parti en Syrie, Osama Krayem avait été enregistré le 20 septembre sur l'île de Leros, point de passage en Grèce des réfugiés, avec un faux passeport au nom de Naïm Al Ahmed.
Quatre autres hommes débarquaient à Leros le 3 octobre, munis de faux passeports syriens : deux d'entre eux se sont faits exploser au Stade de France, les deux autres, eux aussi missionnés pour commettre un attentat, avaient été arrêtés le 10 décembre dans un centre de réfugiés de Salzbourg.
ADN retrouvé sur des explosifs
Krayem avait lui été récupéré par Salah Abdeslam, dans la nuit du 2 au 3 octobre à Ulm, en Allemagne, avec deux hommes passés par Leros le même jour que lui : Sofiane Ayari et un autre dont l'identité n'a pas été déterminée mais qui disposait lui aussi d'un faux passeport syrien, au nom d'Ahmad Alkhald.
Ahmad Alkhald, qui a ensuite disparu, et qui pourrait avoir quitté à nouveau l'Europe, est visé par l'autre mandat d'arrêt.
Les juges relèvent que l'ADN d'Ahmad Alkhald a été retrouvé sur le gilet explosif déclenché par Brahim Abdeslam au Comptoir Voltaire, à Paris, et sur la ceinture abandonnée par Salah Abdeslam à Montouge dans la nuit du 13 au 14 novembre, a expliqué une source proche du dossier.