La justice belge a décidé jeudi de prolonger la détention de sept hommes inculpés dans les enquêtes sur les attentats de Paris et Bruxelles, dont Mohamed Abrini et Osama Krayem, qui aurait renoncé à se faire exploser le 22 mars dans la capitale belge.
Mohamed Abrini, Belgo-Marocain de 31 ans, proche de Salah Abdeslam, a reconnu après son arrestation le 9 avril être le troisième homme qui accompagnait les deux kamikazes qui se sont fait exploser le 22 mars à l'aéroport international de Bruxelles-Zaventem.Osama Krayem, 23 ans, fils d'exilés syriens, de nationalité suédoise, est soupçonné d'avoir acheté les sacs utilisés pour les attaques du 22 mars à l'aéroport et dans le métro de Bruxelles (32 morts). Filmé par la vidéosurveillance du métro en compagnie du kamikaze de la station Maelbeek, il aurait renoncé à se faire également exploser, d'après son avocat Me Vincent Lurquin. Le sac à dos qu'il portait ce jour-là est toujours recherché par les enquêteurs qui craignent la présence d'explosifs à l'intérieur.
"Il parle"
"Il doit pouvoir expliquer comment ça c'est passé et pourquoi à un moment il a renoncé", a déclaré Me Lurquin à l'issue de l'audience à huis clos qui a décidé le maintien en détention de son client. Ce dernier "assume une responsabilité, il parle" avec les enquêteurs, a ajouté l'avocat, soulignant qu'Osama Krayem devait de nouveau être entendu vendredi matin. Comme Mohamed Abrini et deux complices présumés -- Hervé B. M., un Rwandais de 30 ans et Bilal El Makhoukhi, un Belge de 27 ans, arrêtés également vendredi -- Osama Krayem a été inculpé pour "assassinats terroristes" dès le lendemain. Après ces quatre inculpations, le parquet fédéral belge avait annoncé mardi celles de deux frères soupçonnés d'avoir "nettoyé" une des planques des kamikazes du 22 mars située dans la commune bruxelloise d'Etterbeek.
Ces six hommes ont vu leur détention prolongée jeudi par la chambre du conseil du tribunal de Bruxelles, qui, comme l'exige la loi belge, doit se prononcer dans un délai de cinq jours après le placement en détention provisoire.
Un septième homme, inculpé dans l'enquête sur les attentats du 13 novembre à Paris (130 morts), a été visé par une décision similaire. Il s'agit de Hamza Attou, un Belge de 22 ans, qui avec Mohamed Amri (autre inculpé incarcéré) a ramené Salah Abdeslam en voiture à Bruxelles quelques heures après ces attentats.
Abrini inculpé pour Paris et Bruxelles
Figure incarnant les liens étroits entre les commandos jihadistes de Paris et de Bruxelles, Mohamed Abrini a également été inculpé le week-end dernier dans l'enquête sur les attentats du 13 novembre. Ami d'enfance du suspect-clé Salah Abdeslam (arrêté le 18 mars à Bruxelles), il a été filmé en sa compagnie l'avant-veille des faits dans une station-service de l'Oise.Les deux hommes circulaient dans une voiture utilisée ensuite pour convoyer des membres des commandos. Selon des médias belges, Mohamed Abrini aurait minimisé son implication dans les attentats de Bruxelles lors de ses premières déclarations devant les enquêteurs, affirmant avoir été poussé à y participer par les frères El Bakraoui, deux des trois kamikazes morts le 22 mars.
Selon les éléments de l'enquête, qui a franchi un grand pas le week-end dernier avec ces multiples arrestations, les membres de la cellule jihadiste de Bruxelles avaient l'intention de frapper à nouveau la France. Traqués par les enquêteurs, ils auraient décidé de commettre leurs attaques plutôt à Bruxelles.