Le distributeur français Auchan a connu un premier semestre chahuté, avec des bénéfices réduits quasiment à zéro par les changes et des charges exceptionnelles, mais note néanmoins des "signes encourageants" et reste "confiant", tout en poursuivant sa transformation.
Sur les six premiers mois de 2016, Auchan a vu son bénéfice net part du groupe fondre de 87,2%, à 4 millions d'euros. Le bénéfice net des activités poursuivies, qui intègre également les profits de la filiale chinoise Sun Art dont Auchan ne détient que 36%, est également en recul de 25,3% (-16% hors changes), à 117 millions d'euros.
Sur le semestre, l'impact des changes a pesé fortement sur l'activité, à hauteur de -3,8 points. Le chiffre d'affaires du groupe ressort ainsi en baisse de 3% en données publiées, à 26,1 milliards d'euros. Mais une fois retraité de cet effet, il repasse en évolution positive (+0,8%), malgré un contexte de consommation peu porteur en France et en Russie et l'impact négatif de l'essence (-0,4 point). Le groupe affiche ainsi une croissance organique de 1,1%. Cette évolution est néanmoins en grande partie tirée par l'expansion : 62 points de vente ont été ouverts, principalement en Chine, en Russie, en France et en Italie.
Sans cet effet, l'activité en comparable ressort légèrement négative (-0,7%). Le résultat d'exploitation courant enregistre une baisse de 21,2% (-13,2% hors changes), à 296 millions d'euros, plombé notamment par une hausse des charges opérationnelles. Un changement de législation a obligé Auchan à comptabiliser 1,5 an de TASCOM (taxe sur les surfaces commerciales) dans ses comptes semestriels au lieu d'une demie-année traditionnellement.
Malgré un "contexte difficile" et une marge commerciale en retrait en France et en Italie, l'Ebitda ressort stable (+0,1%), à 1,04 milliard d'euros. "2016 est pour Auchan Holding une année de refondation et dans ce contexte, les résultats du premier semestre -- qui ne représente que 30% des résultats annuels du groupe -- sont, pour nous, encourageants", a déclaré mercredi Wilhelm Hubner, président du directoire d'Auchan Holding.
Objectif confirmé pour la France
"Nous sommes en ordre de marche pour atteindre les objectifs ambitieux que nous nous sommes fixés pour les années à venir. (...) Malgré tout, nous ne sommes pas au bout du chemin et restons conscients que nous devons encore fournir des efforts, notamment pour retrouver de la rentabilité. Nous restons néanmoins confiants pour l'avenir", a-t-il ajouté lors d'une conférence téléphonique.Le dirigeant a notamment confirmé l'objectif d'une inversion de tendance en France, marché historique du groupe, où il est en difficulté depuis plus de trois ans. "Sur le premier semestre, nous avons observé des premiers signes encourageants", avec notamment un retour à l'équilibre de l'activité hexagonale (+0,1% en comparable hors essence), une "stabilisation des parts de marché" dans les hypermarchés, un nombre de clients en progression et des commandes sur Auchan.fr en hausse de 21,8%, a fait valoir M. Hubner.
"Le reprise se confirme au Portugal et en Espagne, en croissance à comparable", tandis que la Pologne "affiche de belles progressions" portée par le succès de la transformation des hypermarchés Real. En Russie, le chiffre d'affaires pâtit des changes et d'un contexte économique difficile, tandis que la Chine enregistre une hausse de 4,4% à changes constants.
Au total, Auchan Retail, principale division du groupe, voit ses ventes progresser de 0,7% à changes constants, à 25,36 milliards d'euros. L'activité immobilière du distributeur (Immochan) ressort quasi-stable (+1,2% à changes constants) à 311 millions d'euros, alors qu'Oney Bank progresse de 8,4%,
à 206 millions d'euros. Pour le deuxième semestre, Auchan indique vouloir poursuivre sa transformation, notamment au niveau de son organisation interne. Il prévoit également d'augmenter ses investissements (en recul de 13% au premier semestre), en particulier en Asie et en France. Son réseau de proximité va être porté à "une centaine" de magasins A2Pas d'ici fin décembre, contre 60 actuellement. Des chantiers autour du numérique et des marques propres vont aussi "émerger" d'ici la fin de l'année, a indiqué M. Hubner. Le rapprochement avec Système U est lui "recentré et intensifié sur les achats", même si le dirigeant ne ferme pas totalement la porte à une fusion entre enseignes, "mais pour plus tard. Pour le moment, on ne travaille pas sur ça", a-t-il déclaré.