Plan social chez Auchan : "À 53 ans, avec trois enfants à charge, ça m’inquiète", l’angoisse des salariés de l'enseigne

Chez Auchan, le couperet des suppressions de postes frappe fort. À Aubière (Puy-de-Dôme), des salariés inquiets luttent pour leurs emplois, tandis que la fermeture d’un magasin dans le nord de Clermont-Ferrand risque de laisser un quartier entier orphelin de son hypermarché.

L’angoisse des salariés du groupe Auchan, confrontés à un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) à l’échelle nationale, n’en finit pas. Face aux suppressions de postes qui les touchent directement, les employés restent inquiets, notamment ceux de l’hypermarché d’Aubière, au sud de Clermont-Ferrand. Ce magasin risque de perdre 13 postes, dont 11 au rayon électroménager et Hi-Fi.

"Je m’imaginais finir ma carrière à Auchan"

Mercredi 8 janvier, près de 70 personnes se sont rassemblées devant l’hypermarché pour protester : “Si nous sommes là aujourd'hui en cette période de voeux c’est pour défendre nos emplois et dénoncer un plan social et économique inacceptable”, s’indigne un délégué syndical. Les salariés, particulièrement ceux qui ont des décennies d’ancienneté, voient dans cette restructuration une décision brutale, difficile à accepter. Jérémie, conseiller en vente depuis 29 ans, confie : "À 53 ans, avec trois enfants à charge, cette situation m’inquiète énormément, tant sur le plan professionnel que personnel. C’est difficile à encaisser, car je m’imaginais finir ma carrière à Auchan. Après 30 ans de travail, on pensait être à l'abri. Et pourtant...". Odette, qui travaille depuis 35 ans au sein de l’entreprise, ajoute : "Après toutes ces années de service, entendre que notre poste est supprimé, ça fait mal. Ce qui me fait peur, c’est de devoir refaire mon CV et devoir faire mes preuves à huit ans de la retraite."

"C'est incompréhensible" 

Face à cette situation, les syndicats n’entendent pas rester les bras croisés. Ils exigent un reclassement en interne des salariés menacés, avec maintien de leur salaire et de leurs acquis sociaux. Christophe Delay, délégué FO Auchan d’Aubière, déclare : "Une entreprise comme Auchan, appartenant au groupe Mulliez, ne peut pas dire qu’elle n’a pas les moyens de trouver une solution. À Aubière, le rayon équipements fonctionne très bien, c’est incompréhensible." De son côté, la direction d’Auchan assure qu’un accompagnement personnalisé sera proposé à chaque salarié concerné, et ce, jusqu’en juin.

Un quartier menacé 

Les suppressions de postes ne touchent pas uniquement l’hypermarché d’Aubière. En effet, les salariés d’Auchan Clermont-Ferrand Nord sont, eux, confrontés à une fermeture totale du magasin prévue pour le 17 mai, pour des raisons économiques. Coup dur pour ce quartier populaire de près de 20 000 habitants attaché à son hypermarché. Christian Bailly, habitant du quartier, s’inquiète des conséquences pour les habitants : "D’autres hypermarchés existent, mais ils sont trop loin pour certains d’entre nous". 

L'urgence de trouver un repreneur 

Pour le quartier et les commerçants locaux, la priorité reste de trouver un repreneur à l’enseigne. Christophe Bailly insiste : "Nous sollicitons la municipalité pour qu’elle travaille avec nous, en concertation avec les associations du quartier et les habitants, afin de trouver une solution. Il ne s’agit pas seulement de sauver l’aspect commercial, mais aussi de préserver le lien social dans notre quartier."

Après avoir racheté une partie de la galerie marchande et du parking, la mairie de Clermont-Ferrand assure travailler sur “l’après Auchan”. Didier Muller, adjoint au maire (SE) en charge du commerce, explique : "Nous avons déjà des discussions avec plusieurs groupes intéressés pour reprendre une petite partie du site. La municipalité pourrait aussi intervenir pour récupérer une autre partie et en faire un service public." Une nouvelle réunion d’information avec les commerçants se tiendra en mars. D’ici là, seule certitude : la galerie restera ouverte, même sans repreneur.

Propos recueillis par Robin Dussenne et Quentin Dehay / France 3 Auvergne.