Témoignages. “Ça va détruire le quartier” : les salariés d’Auchan Nord Clermont-Ferrand en colère

Publié le Écrit par Solenne Barlot

La manifestation n'est pas passé inaperçue au supermarché Auchan Nord de Clermont-Ferrand. Plusieurs centaines de salariés, représentants syndicaux et habitants ont investi les rayons ce vendredi 15 novembre et partiellement freiné les passages des clients pour dénoncer la fermeture annoncée du magasin au mois de mai prochain.

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Une nuée de manifestants s'est rassemblée au magasin Auchan Nord de Clermont-Ferrand avec, à sa tête, les représentants des 200 salariés qui se retrouveront sans emploi au mois de juin prochain, et sont venus crier leur colère ce vendredi 15 novembre. Depuis 27 ans le supermarché siège au milieu du quartier de Croix de Neyrat, après avoir pris la place de l’enseigne Mammouth implantée ici en 1972. Bâti à partir des années 1960, le quartier compte un peu plus de 8 000 habitants,  

Mickaël : " Ça va créer un gros vide"

Mickaël, salarié, s’inquiète pour ces habitants, parfois sans moyen de locomotion, pour qui le magasin représente beaucoup : “On essaie d'exprimer notre mécontentement parce qu'on va se retrouver à a porte dans 6 mois suite à la fermeture du site. Nous sommes là même si c'est inéluctable, on sait que ça va se passer. On a du monde qui est là pour nous soutenir. La date de fermeture a été actée. Aujourd'hui on est en sursis. Il nous reste 6 mois. Ça va créer un vide ici, ça va détruire le quartier en lui-même parce qu’à côté de ça, il y a des dommages collatéraux. Il y a la galerie, il y a plein de boutiques, il y a un quartier entier qui vit autour de ce magasin. Ça va créer un gros vide si derrière il n'y a pas de repreneur même si on n’y croit pas réellement.” 

Malgré cela, il garde espoir en l’avenir : “Moi ça fait 15 ans que je bosse ici alors on a un sentiment de délaissement pour les gens qui viennent au quotidien. On espère que ça bougera, qu'on ne les laissera pas tomber. Nous on se débrouillera, on rebondira. C'est sûr qu'ici, on n'est pas dans un quartier qui a un très fort pouvoir d'achat. Mais nous, tous les jours, on est là. On se lève tous les jours à 03h00 du matin pour venir remplir nos rayons. On l’a toujours fait et on le fera jusqu’au bout.” 

Olivier : "Il faut de toute façon avancer, mais c'est dur"

Olivier est boulanger, et ce magasin Auchan, il y est très attaché : “Je suis en boulangerie. On a été prévenu comme ça du jour au lendemain et ça nous est tombé dessus. C'est triste. De toute façon ça va fermer le 17 pour les clients, fin juin pour nous. Il faut que je retrouve un boulot moi après ! Moi je suis boulanger donc ça va, je vais rebondir mais les autres, ceux qui n'ont pas forcément de formation, je ne sais pas. Les chiffres, ce n'est pas ça qui m'intéresse. Moi c'était mon boulot, ça fait 20 ans que je suis là. C'était mon boulot. Je sortais d'apprentissage, je suis arrivé ici. Je n’ai connu que ça comme ambiance, comme magasin, comme structure. C'est très compliqué. Après, il faut de toute façon avancer, mais c'est dur.” 

Fathia : "On ne va pas lâcher l'affaire"

Fathia, combative, ne compte pas abandonner si facilement : “Ça fait 18 ans que je suis là, je suis dans l'équipe transverse et j'ai donné tout ce que je pouvais dans ce magasin. À la fin, on me l'a fait à l'envers. Je pense que pour tous mes collègues, c'est la même chose. En fait, ils l'ont fait à l'envers à tout le monde. Ce n'est pas qu’une équipe qui est géniale, c'est tous mes collègues de tout le magasin complet. Je parle aussi de la hiérarchie parce qu'ils sont dans le même bateau que nous. On ne va pas lâcher l'affaire. On va jouer au même jeu qu'eux et puis on va leur rentrer dedans et on ne va pas lâcher.” 

Christophe : "Battons-nous"

Christophe, plus réservé, est venu quant à lui soutenir ses collègues : “Je travaille ici depuis 18 ans en CDI. On a une équipe formidable ici. J'ai rencontré des gens formidables. Alors battons-nous encore une dernière fois pour rester ouverts.” Le supermarché fermera ses portes au public le 17 mai prochain.

-Propos recueillis par Damien Lefauconnier pour France 3 Auvergne
 

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