Auchan a annoncé vendredi avoir réorganisé sa gouvernance, sous la forme d'un conseil de surveillance et d'un directoire, nommant un nouveau responsable pour ses activités commerciales alimentaires en France.
Groupe Auchan sera renommé "Auchan Holding" et s'organisera en trois entités: Auchan Retail (commerce alimentaire), Immochan (immobilier) et Oney Banque Accord (activités financières), indique le groupe dans un communiqué.Wilhelm Hubner, actuel patron d'Auchan Russie, va ainsi prendre la direction d'Auchan Retail, et la présidence du directoire. Vianney Mulliez, actuel président du conseil d'administration et neveu du fondateur Gérard Mulliez, assurera la présidence du conseil de surveillance et sera président non exécutif.
En ce qui concerne la France, Patrick Espasa, actuel patron d'Auchan Italie, prendra la présidence exécutive d'Auchan Retail France. Il remplacera de fait, Vincent Mignot, qui faisait jusqu'ici figure de patron France du distributeur, même si le titre n'existait pas formellement. M. Mignot restera à la tête des hypermarchés France, principale division du groupe.
Au sein de la branche Auchan Retail, sept présidents exécutifs de pays seront nommés: France, Italie, Espagne, Pologne, Russie, Chine, Luxembourg.
Six autres directeurs, respectivement en charge des finances, de la direction produit (marques et achats), de la performance (contrôle de gestion), de l'efficacité (logistique, systèmes informatique), des ressources humaines, et de l'innovation (digitalisation et relation client), seront parallèlement désignés.
Les hypermarchés sont la principale division du groupe, qui y réalise la majeure partie de son activité, notamment en France, son plus gros marché.
Suppressions de postes d'encadrement
Au premier semestre, les ventes du groupe dans l'Hexagone ont reculé de 2,9%. Les performances de l'enseigne reculent aussi bien en hypermarchés (-3,2%) qu'en supermarchés (-2,7%). Auchan subit ainsi de plein fouet le phénomène de "consommation des ménages stagnante, voire en baisse" et le "contexte déflationniste" dans une période de guerre des prix, avait-il indiqué en septembre dernier. Entré tardivement dans la course aux prix bas que se livrent les distributeurs hexagonaux depuis trois ans, Auchan tarde encore à en récolter les fruits.Depuis plusieurs mois, le groupe a procédé à plusieurs réorganisations de ses équipes au niveau opérationnel, supprimant notamment 800 postes d'encadrement pour remettre davantage de personnels dans les rayons. Cette semaine, Auchan a annoncé son intention d'investir 1 milliard d'euros en France d'ici à 2018, notamment dans la rénovation de ses magasins afin de "rendre le parcours de course moins contraignant". Ces investissements seront principalement consacrés à la rénovation du parc existant d'hypermarchés, Auchan ne prévoyant pas de nouvelles ouvertures à l'horizon 2018. "Cela représente environ 50% de plus chaque année que ce que nous faisions, l'idée étant de remettre un gros coup de modernité sur le parc", a indiqué un représentant de l'enseigne, à l'occasion de l'inauguration du 120e hyper du groupe en France.
Cet hypermarché, situé à Meaux, au coeur d'un nouveau centre commercial Immochan (la foncière du groupe, NDLR) d'une centaine de boutiques, se veut une vitrine des nouvelles orientations du groupe. Il comprend notamment une zone "marché" plus étendue, organisée à la manière d'une halle, illustration de la volonté d'Auchan de mettre l'accent sur les produits frais pour se différencier de ses concurrents. Il mise également sur les supports numériques, pour améliorer les passages en caisses, et permettre une extension de l'offre de produits non-alimentaires, en gagnant de la place en
rayon pour améliorer le confort d'achat. Auchan est également engagé depuis plusieurs mois dans un rapprochement poussé, qualifié de "fusion de fait" par l'Autorité de la concurrence, avec le groupement d'indépendants Système U.
Au départ limité à des achats en commun avec leurs fournisseurs, le partenariat entre les deux groupes pourrait à l'avenir aller jusqu'à la création d'une structure de gouvernance commune, et des échanges d'enseignes pour certains magasins.