De Camille Lacourt à Florent Manaudou en passant par Alain Bernard et Frédérick Bousquet, l'élite de la natation française met son prestige dans la balance pour...sauver la piscine municipale d'Avesnes-sur-Helpe, dans le Nord, menacée de fermeture pour des raisons financières.
Lors d'un conseil municipal mi-octobre, la commune d'Avesnes-sur-Helpe (Nord) avait en effet annoncé être dans l'incapacité de continuer à financer les 631 477 euros de frais de fonctionnement annuels de l'équipement public et prévu sa fermeture pour le 1er janvier 2016.L'élan de soutien du monde sportif, la piscine le doit notamment à "Laurent Swimming", un passionné de natation établi à Châlons-en-Champagne, qui rassemble sur sa page Facebook une grande partie de la communauté de la nage française.
"Je conçois que les piscines soient un gouffre difficile à amortir mais il ne faut pas oublier que le sport permet de combler le trou de la Sécu", avance-t-il. "Quand j'ai vu les difficultés de cette piscine, j'ai demandé aux champions de se rappeler d'où ils venaient et leur ai demandé de publier des selfies pour la soutenir". Résultat: des dizaines de clichés d'inconnus de clubs de natation de l'Hexagone mais également de la crème des bassins français, tels les champions du Cercle des nageurs de Marseille. "Toutes ces personnalités qui sont avec nous, c'est un message très fort. Espérons qu'ils fassent pencher la balance", s'enthousiasme Sandrine Billard, présidente du comité de soutien de la piscine qui a également lancé une pétition sur internet. "On sait que la piscine est un gouffre financier et que la gestion communale n'est plus possible. Nous demandons à la communauté de communes de prendre le relais car il y a une obligation scolaire pour les élèves de savoir nager et si la piscine disparaît, que vont-ils devenir?", se demande-t-elle.
La région à la rescousse ?
Si la maire de cette commune de près de 5000 habitants située à 50km au sud-est de Valenciennes comprend la mobilisation, elle se montre néanmoins fataliste. La piscine construite en 1971 avec ses deux bassins, l'un de 25 mètres et un autre d'apprentissage, a été fréquentée par 62.000 visiteurs en 2014 mais coûte 1730 euros par jour à Avesnes. "Qui plus est, elle est vétuste, énergivore et des travaux sont nécessaires pour la remettre aux normes incendie", explique la première magistrate de la ville Marie-Annick Dezitter (Les Républicains). "Ajoutez à cela les dotations de l'Etat gelées depuis des années et qui vont baisser pour Avesnes à hauteur de 200 000 euros en 2016, on n'a plus beaucoup le choix, selon l'édile. On ne peut plus rogner sur les dépenses de fonctionnement et sa fermeture donnera à la ville une vraie bouffée d'oxygène sur le plan financier".Selon elle, deux solutions permettraient encore de sauver la piscine: la prise en charge par l'intercommunalité du coeur de l'Avesnois et ses 30 000 habitants mais dont le transfert de compétence s'avère complexe ou alors la prise en charge du bâtiment par la région. Annexée à un gymnase utilisé par un lycée, la piscine pourrait lui être cédée pour un euro symbolique. "Une table ronde est prévue en novembre à ce sujet", précise Mme Dezitter.