La vie de Simon Gronowski sera adaptée au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles.
Un opéra inspiré de la vie d'un enfant juif de Belgique ayant miraculeusement échappé aux camps nazis en 1943 sera l'un des points d'orgue de la saison 2018-2019 du Théâtre de la Monnaie à Bruxelles, scène d'art lyrique parmi les plus réputées d'Europe.
Cet opéra, intitulé "Push", imaginé par le compositeur britannique Howard Moody, a déjà été joué plusieurs fois en Angleterre depuis 2016, a-t-il été expliqué jeudi lors d'une présentation à la presse.
Mon histoire est belge et bruxelloise
Mais c'est la première fois que Simon Gronowski, un Bruxellois âgé aujourd'hui de 86 ans, pourra voir sur scène dans sa ville d'origine l'oeuvre qu'il a inspirée.
"Mon histoire est belge et bruxelloise", a raconté l'octogénaire, au côté du directeur de la Monnaie, Peter de Caluwe. "J'ai été jeté dans un cachot par la Gestapo avenue Louise à 11 ans et puis ai passé un mois dans une caserne à Malines", a-t-il ajouté.
Sous l'Occupation allemande, c'est de Malines, entre Bruxelles et Anvers, que partaient les trains emmenant les déportés juifs de Belgique vers les camps de la mort, notamment celui d'Auschwitz, qui était la destination prévue pour Simon, sa mère et sa grande soeur.
Sauvé par un assaut des résistants
Mais lors d'un assaut de son convoi par des résistants le 19 avril 1943, peu après le départ de Malines, 17 occupants parviennent à s'échapper, tandis que d'autres réussissent à ouvrir des portes donnant sur la voie.
Quelque 50 km plus loin, dans la province néerlandophone du Limbourg, Simon aura la vie sauve grâce à une de ces portes restées ouvertes... et à la réaction de sa mère qui le convainc de sauter du train avant elle. "En le poussant", d'où le titre de l'opéra: "Push".
La maman n'a finalement pas eu le temps de sauter à son tour. Elle et la soeur de Simon - partie, elle, dans un autre convoi - mourront gazées à Auschwitz.
Rencontre avec un ancien geôlier
Des décennies plus tard, Simon Gronowski a raconté son histoire dans un livre. Et dans des circonstances improbables, il a retrouvé un des geôliers flamands de la caserne de Malines, collaborateur du régime nazi, qui lui a demandé pardon sur son lit de mort.
Pour Peter de Caluwe, l'opéra "Push", programmé du 14 au 17 mars 2019, "est un hommage à toutes les victimes de guerre" qui reste "extrêmement d'actualité". "Que ce soit en Libye ou en Turquie (...), un peu partout des gens sont encore mis en prison pour des raisons politiques ou ethniques", a souligné ce dramaturge belge.