La décision des Frères de la Charité ne plaît pas du tout au Vatican.
La congrégation des Frères de la Charité a décidé d'autoriser l'euthanasie dans ses centres psychiatriques, même pour les personnes qui ne sont pas en phase terminale, selon l'hebdomadaire chrétien "Tertio" dans son édition de mercredi.
Les Frères de la Charité, communauté internationale de Frères, gère en Belgique, avec 130 frères (dans une trentaine de communautés) gèrent notamment des hôpitaux psychiatriques privés. 5 500 patients y séjournent. Jusqu'ici, ils refusaient d'y pratiquer l'euthanasie, légale en Belgique depuis 15 ans.
"Le respect de la vie est un fondement important, mais pour nous il n’est pas absolu"
Cette décision de la section belge de la congrégation des Frères de la Charité d’autoriser l’euthanasie dans ses centres psychiatriques fait beaucoup de bruit à Rome. "Nous ne prenons pas un virage à 180 degrés. Ce n’est pas comme si nous avions été contre l’euthanasie et puis que tout d’un coup nous y sommes favorables" a tenu à nuancer ce mardi, Raf De Rycke, président de la congrégation des Frères de la Charité en Belgique, dans une émission de la VRT. "C’est la concrétisation de directives existantes. En fait, nous associons des critères supplémentaires pour rendre les deux pistes possibles pour nos patients : à la fois la possibilité de vivre et l’euthanasie. (...) Nous partons des mêmes valeurs fondamentales : le respect de la vie est un fondement important, mais pour nous il n’est pas absolu. Nous sommes donc sur une autre longueur d’onde que Rome".
Chaque année, en moyenne, 12 patients par an demandent à être euthanasiés. Jusqu'à présent, ces patients étaient alors transférés dans un autre établissement. Désormais, ils pourront rester dans les hôpitaux de la congrégation. Mais cette demande devra répondre "à des critères de soins supplémentaires, donc c'est en réalité un durcissement".
"La ligne entre Rome et les Frères de la Charité en Belgique a été perturbée"
Le conseil général des Frères de la Charité à Rome, qui, selon la VRT, est une personne de confiance du pape François désapprouve cette décision belge. "Nous déplorons cette nouvelle vision. Pour nous, le respect de la vie est absolu. La ligne entre Rome et les Frères de la Charité en Belgique a été perturbée", affirme-t-il.
L'Eglise catholique reste fermement opposé à l'euthanasie. "La suppression de toute souffrance n’est pas possible, écrivaient, dans un texte de référence, en 199, le Conseil permanent de la Conférence épiscopale française. Dans des cas extrêmes, il faut être particulièrement attentif au malade et chercher, avec créativité, les moyens de le soulager. Dans certaines situations, il est légitime de plonger le malade dans un sommeil artificiel, mais, dans ce domaine, il faut faire preuve d’un grand discernement. Face à des personnes atteintes d’une maladie incurable ou à des personnes de grand âge (devenues très dépendantes ou atteintes de graves détériorations mentales), l’Église souligne l’importance de l’écoute portée aux souffrants qui, souvent, libère le malade du désir de mourir."