La Belgique pourrait offrir l'asile au dirigeant séparatiste catalan Carles Puigdemont, a laissé entendre le secrétaire d'Etat belge à l'Asile et à la Migration Theo Francken, membre du parti indépendantiste flamand de la Nouvelle alliance flamande (N-VA).
M. Puigdemont a été officiellement destitué par Madrid de son poste de président de la région de Catalogne après la déclaration unilatérale d'indépendance votée vendredi par le Parlement catalan. M. Puigdemont risque des poursuites pour "désobéissance" et "malversation de fonds" pour avoir convoqué le référendum interdit du 1er octobre sur l'indépendance, voire des poursuites pour "rébellion" qui peuvent lui valoir en cas de condamnation jusqu'à 30 ans de prison.
M. Francken s'est demandé si M. Puigdemont pouvait être assuré d'un procès équitable, affirmant que le dirigeant séparatiste catalan pouvait se voir octroyer l'asile en Belgique s'il le demandait. Une protection de la Belgique pour M. Puigdemont "n'est pas irréaliste lorsqu'on regarde la situation actuelle", a déclaré M. Francken samedi à la chaîne de télévision flamande privée VTM.
"Une solution pacifique"
"En regardant la répression de Madrid et les peines de prison envisagées, la question peut se poser de savoir s'il a encore une chance d'un jugement équitable", a-t-il ajouté. Aucune indication n'a été donnée à cette heure sur une possible intention de M. Puigdemont de quitter la Catalogne. Son vice-président Oriol Junqueras, également destitué par Madrid, a affirmé dans une tribune publiée dimanche que M. Puigdemont "est et restera le président" de la Catalogne.
Londres, Paris, Berlin ou l'Union européenne ont apporté leur soutien à Madrid dans cette crise politique. Pour sa part, le Premier ministre belge Charles Michel, qui gouverne en coalition avec le N-VA, a appelé à "une solution pacifique dans le respect de l'ordre national et international".
Il a également affirmé dimanche qu'une demande d'asile de M. Puigdemont n'était "absolument pas à l'ordre du jour". Le vice-Premier ministre Alexander De Croo a lui aussi rejeté les propos de Theo Francken. "Ce n'est pas intelligent de lancer des déclarations de ce genre", a-t-il estimé. "De tels propos n'aident pas et ne constituent pas la position du gouvernement. Il est important de calmer les esprits, plutôt que de les exciter", a assuré le libéral flamand à Belga.
Les déclarations de M. Francken ont été jugées "inacceptables" par le porte-parole du Parti populaire (conservateur) au pouvoir en Espagne, le député européen Esteban Gonzalez Pons. Il s'agit de "graves accusations contre le système judiciaire espagnol", en espérant qu'une "correction y sera apportée immédiatement", a-t-il déclaré, selon un communiqué de son parti. Theo Francken "a violé les principes de solidarité et collaboration loyale entre les pays membres de l'UE", indique aussi ce communiqué.