Une victoire pour les défenseurs des droits, qui jugent ces retours "urgents".
La justice belge a ordonné mercredi à l'Etat d'organiser le rapatriement de six enfants belges de combattants jihadistes actuellement retenus avec leurs mères en Syrie, une décision saluée par les défenseurs des droits.
"C'est une très bonne nouvelle, c'est la première fois que la justice se prononce en ce sens", a réagi Bernard De Vos, délégué général aux droits de l'enfant, sur la chaîne RTL-TVI.
Six enfants de moins de six ans
Le nationaliste flamand Theo Francken, ex-secrétaire d'Etat à la Migration, a en revanche fustigé la décision: "Longue vie au califat grâce à l'Etat de droit belge", a-t-il tweeté.Les six enfants concernés, tous âgés de moins de six ans, sont actuellement avec leurs deux mères (elles en ont chacune trois) dans un camp de réfugiés à Al-Hol, sous le contrôle des Kurdes en Syrie, à quelques kilomètres de l'Irak.
Les mères, qui réclamaient depuis des mois la possibilité de les renvoyer à leur famille en Belgique, ont pour la première fois obtenu gain de cause devant la justice, après deux décisions négatives cette année.
Dans le camp d'Al-Hol, les six enfants et leurs mamans âgées de 25 et 26 ans "n'ont aucune liberté de mouvement", a expliqué à l'AFP Anouk Devenyns, du tribunal de Bruxelles.
Une astreinte par jour de retard
Mercredi, un juge des référés du tribunal néerlandophone de Bruxelles a estimé qu'au nom des intérêts des enfants, l'Etat belge devait prendre "toutes les mesures nécessaires et possibles" pour les faire revenir, selon une copie de la décision transmise à la presse.Il a donné à l'Etat 40 jours pour s'exécuter, sous peine d'une astreinte de 5.000 euros par jour de retard et par enfant, et proposé une série de mesures concrètes pour aboutir.
L'Etat belge est invité, pour prendre contact avec les autorités du camp, à recourir, si besoin est, "au personnel diplomatique et/ou consulaire d'un autre Etat de l'UE", indique le jugement. Il doit délivrer les papiers d'identité nécessaires, y compris aux mères, qui doivent pouvoir envisager le voyage avec les enfants dans un cadre "sécurisé", sans être forcées de fuir.
Dans l'intérêt des enfants et de la société
"Il est non seulement urgent de permettre le retour des enfants et des mères de nationalité belge dans notre pays, mais il est aussi primordial de les aider à revenir", relevait M. De Vos dans son rapport d'activité annuel publié en novembre.Pour Me Deswaef, "c'est dans l'intérêt de l'enfant mais aussi de la société que les enfants reviennent le plus tôt possible", à un âge où leur endoctrinement éventuel sera plus facilement réversible.
Selon les données du délégué aux droits de l'enfant, environ 160 "mineurs" belges, enfants et adolescents, sont encore retenus en zone de conflit.